Oscar Woods

Étonné qu'on ne l'aie pas encore évoqué...

Un des rares à avoir joué sur triplate quare-neck, en lap-style...dont on dit qu'il aurait appris à Black Ace à jouer de cette façon (vrai que la filiation saute aux oreilles).
(Arnold Kokomo, Casey Bill Weldon eux aussi jouaient en lap style dans des sonorités Blues, mais peu d'autres).

Il existe une photo où on le voit avec une style 3, chaussures et chapeau flamboyants!
(pas courant pour l'époque, à part Peetie Weatstraw et Tampa Red, personne ne se payait un instrument si luxueux, surtout pour un musicien Noir...Black Ace s'est arrêté à un style 2.

Et quel esthète, car les style 3 étaient rarement choisis, car comme l'a établi Mark Makin devant le peu d'exemplaires vendus, la plupart des gens suffisamment aisés pour s'offrir un instrument qui en met plein la vue visaient directement le style 4, à peine plus chère mais tout en haut de la gamme.
Ce qui rend les stye 3 plus attachants je trouve, vraiment choisis pour leur beauté pure...

Doit on penser que ces rares musiciens Noirs à avoir joué des instruments si ostentatoires gagnaient si bien leur vie?

Il faut peut-être garder en vue qu'il existe de nombreuses anecdotes signalant qu'en pleine prohibition, les Gangsters étaient non seulement pourvoyeurs d'emplois pour les musiciens Noirs, mais aussi leurs fournisseurs d'instruments.
Entretenant un rapport un peu paternaliste avec leurs musiciens, les logeant, assumant les frais de santé, d'obsèques de la famille, leur payant parfois un "véhicule de fonction".

Les clubs étaient pensés dans une esthétique d'ensemble, les décors étaient parfois très soignés, avec des thématiques, ou des concepts rivalisant d'originalité pour attirer la clientèle, un brin d'exotisme, du design art-déco dernier cri.
L'étalage dispendieux de strass et de paillettes était devenu une véritable compétition entre les boites de nuit.

Et dans cette orientation, ils n'hésitaient pas à payer les costumes, et surtout des instruments de qualité pour leur orchestre exclusif, qui faisait souvent partie des meubles, voir carrément des pièces "Customisées" uniques...Batterie, Banjo recouverts de nacre, et de strass (il faut que je retrouve les noms des musiciens ayant eu droit à ce traitement de faveur).

Pour moi l'origine de la Style 4 de Tampa Red (qui aurait été plaquée de couleur or avant son polissage intensif lors de sa redécouverte)  découle certainement de ce type de rapport avec un "mécène"...

Si quelques témoignages établissent ce rapport, on doit aussi penser que la plupart des musiciens ont longtemps gardé une langue de bois sur leur relation avec les gangsters...et on comprend pourquoi...(pour ne pas se retrouver au fond du lac!).
Les faits sont certainement bien plus nombreux que le peu de traces qu'on en a gardé.

Il a été noté que la chanson préférée de Al Capone était "Sittin' on top of the world", les Mississippi Sheiks disaient l'avoir jouée à sa demande...on peut faire le parallèle avec d'autres chansons, par d'autres musiciens utilisant la mème structure harmonique.
Phénomène de mode ou petite séduction envers ceux qui distribuaient les billets verts?... les témoignages du gangster fourrant un billet de banque dans l’ouïe de la guitare, dans le cornet, ou la trompette sont nombreux.
Souvent c'était une façon de demander tel ou tel morceau pour faire danser sa belle d'un soir, faire étalage de sa fortune, démonstration de sa notoriété...

Tout ça pour déterrer une adresse particulièrement intéressante (hélas oblitérée par un sujet parti en saucisse il y a des années), je la remets en surface, car il y a beaucoup d'infos à y trouver:

https://www.wirz.de/music/woodsfrm.htm



Vu sa position de jeu, il jouait sans doute lui aussi avec une bouteille....quoi de mieux pour jouer à une époque où toute l'économie était basée sur la bouteille, ou son contenu!

Intéressante biographie Sebastopol, encore un musicien qui n'as pas connu la postérité

Dix sept faces sont disponibles dans le coffret de quatre CD consacré au Texas:

"Texas Blues", JSP 7717 de 2013.