Voilà j'ai craqué sur un bouquin super beau(50 cm/7kilos!); dans lequel j'ai fait une trouvaille étonnante:
"The Circus 1870-1950" chez Taschen par Noel Daniel
Ce bouquin donne un aperçu de la vie du monde du cirque, et donc du spectacle vivant d'avant le mass média...
C'est fabuleux à quel point les USA ont gardé mémoire, par rapport à nous en europe.
Je pense que les idées de méfiance par rapport au nomadisme y sont pour quelquechose alors que ce mode de vie est plus normal au pays des chariots bâchés.
Et au détour d'une page; qui voilà?
Au milleu des avaleurs de sabres, dompteur de fauves, femmes à barbe, et homme canon: (en bas à droite)
juste à cöté de l'intrépide lanceur de couteaux, et au millieu de danseuses de hula qui semblent, pour la plupart, n'avoir de "natif" que leurs ukulélé.
La compagnie Sells sera rachetée ensuite par Barnum et y on retrouvera certains artistes déjà présents comme la femme la plus grosse du monde, Kookoo l'homme oiseau et d'autres....
(on notera la vison dérangeante d'un homme grimé en noir façon "minstrel" à l'arrière plan, tradition tristement vivace jusque très récemment dans le show business)
Un peu plus loin dans le mème bouquin on retrouve une autre femme-vénus jouant de la steel double manche avec les pieds:
Peut-ètre que cet anonyme serait la fameuse Jane Wisnant (jouant sur résonateur dans le bouquin de Bob Brozman) quelques années après l'arrivée de l'électricité?
Et tant qu'on y est voiçi la plus célèbre des femmes sans bras Frances O' Connor qui a tourné dans le film monument de Tod Browning "Freaks" qu'on devrait revoir plus souvent...surtout par les temps qui courent, histoire de réfléchir un peu à la discrimination, et à la différence!
Détail de la "bannière" sorte de programme peint sur des tentures devant lequel le public faisait la queue, montrant le groupe de "natifs hawaïens".......il faut repenser qu'a cet époque, le cirque était le seul accès à la connaissance du monde dans les cambrouses isolées, pas de télé........et les cultures lointaines étaient souvent au titre des attractions proposées.
Vous allez me dire que ça a un côté malsain, mais plus je me documente sur l'histoire du spectacle en général, plus je découvre que ces gens aux particularités physiques étonnantes, qui se produisaient dans les "sideshow", étaient clairement considérés comme des artistes à part entière.
Ce qui dans un autre cadre de vie aurait été source de marginalisation, considéré comme un handicap, pouvait se renverser et devenir une affirmation de la différence.
C'est ce mécanisme qui me fascine; comme dans le blues...cette horreur-douleur-solitude, point de départ qui sera transcendé, et transformé en beauté universelle!