Slide et résonateurs
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 encore une valse...

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Jipes
jpbat
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jpbat
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MessageSujet: encore une valse...   encore une valse... EmptyDim 6 Jan - 8:05

Salut les mecs !
Nous, on est dans l'hiver, ça fait que je suis enfermé à jouer la weiss (y a pire, dans la vie)
C'est rare que ça m'arrive, mais cette valse est sortie de ma tête il ya 2 heures, et je l'ai enregistrée tout de suite et hop.
Ça ressemble à des centaines de tunes existantes, rien d'original là-dedans.
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Jipes
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyLun 7 Jan - 0:32

Un petit air de Water is wide ou Goodnight Irene et très agréable à écouter à bras bravo ! bravo !

_________________
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Les Podcast de Kind of Blues
Le Jukebox à Jipes
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyLun 7 Jan - 1:44

Merci Jipes!
Et bonne année à tous!

Et pour faire bon poids, encore une petite toune, cette fois, swing :


Dernière édition par jpbat le Ven 18 Jan - 19:32, édité 1 fois
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jpbat
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyLun 7 Jan - 7:35

Bon, allez, encore une.
(You Tube me démange en gros une fois par an, je commence à avoir un répertoire sur la weiss, et le micro et la caméra sont installés, alors...)

Toujours une valse, mais cette fois en Ré mineur, et dans un genre plus personnel.

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sebastopol
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyMar 8 Jan - 13:26

beaux morceaux bravo ! et une belle illustration du fait qu'il n'y a pas de règles: un seul onglet à l'annulaire c'est loin d'ètre standard, et ça a du ètre un long chemin pour se trouver cette façon unique.
(je confesse juste une hyper sensibilité à la reverb, ingrédient si difficile à doser subtilement que je m'en remet à la résonance naturelle de l'instrument et du lieu honte )

Oh j’aperçois une objet métallique et rond sur la crosse, serai-ce un "Pitch-Key"??? si c'est le cas on pourrait partager les avis sur cet engin qui peut être utile, je crois que j'avais ouvert un sujet il y a longtemps, bien avant d'en avoir utilisé, ça peut enrichir le forum:
https://slide.forumactif.com/t9113-systme-pour-changements-d-accordages-en-direct-pitch-key?highlight=pitch+shifter
danse
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyMar 8 Jan - 14:35

Ah, le seul onglet à l'annulaire... Rien n'échappe à l'oeil de lynx de Sebastopol les gars (je suis bluffé).

Je n'aime pas les médiateurs, les picks, les thumb-picks, whatever, j'en fais un principe quasi philosophique.
Mais... je me suis vu augmenter les tirants des cordes aigues (.18 et .20, voire même .20 et .22, j'ai même essayé une corde filée .21 sur la 2e, et, étonnamment, ça marche pas si mal, mais finalement je suis revenu à une corde plain, moins de bruit de barre), enfin bref j'ai toujours été emmerdé par le fait que l'angle de l'attaque de l'annulaire sur la corde fait que le son ne m'emballe pas (par rapport aux autres).
Alors j'ai décidé d'essayer un seul onglet sur ce doigt-là. Cette corde-là est la plus importante, sur la weiss.
(sur la guitare, c'est la 2e qui est la plus importante, pour moi, le Si, si vous voulez, sauf que c'est rarement un Si réel)
Pour situer le problème dans l'ensemble, mon point de vue perso c'est que chacune des cordes est différente, a un rôle différent à jouer, et donc je ne cherche pas du tout une homogénéité. En plus, contrairement à la guitare, mes doigts ont une assignation plus libre : l'index va jouer sur la 4e ou même la 5e si c'est une note mélodique, l'annulaire -edit: je voulais dire le majeur va jouer la 1ere pour des raisons de sonorité. Je ne réfléchis pas, les doigts font leur boulot, mais je constate que c'est ce qui se passe. (sur la guitare, mes doigts on tendance à être plus disciplinés)
Et j'obtiens une rondeur qui me plait avec un onglet à l'annulaire. Comme ça j'ai deux sons différents disponible sur les cordes aigües. Il n'y a aucun problème pour gérer les différences de dynamiques, étonnamment: l'annulaire joue plus doucement que le majeur, c'est tout, et il a une réserve très importante si on veut sortir une note mélodique, c'est pratique, finalement.

La reverb... en ce moment j'aime bien ça, et trèèèès longue, en plus. Et encore, là, j'ai été conservateur. (c'est le genre de truc qui nous fait dire "berk, mais à quoi je pensais" quand on réécoute quelques mois plus tard...). J'aime bien le fait de jouer avec la reverb en fonction de la dynamique, qui permet de "sortir" certaines notes mélodiques. Cela dit c'est ma première série d'enregistrement depuis presque un an, et je m'aperçois que les effets de dynamiques et de rubato apparaissent moins que je le voudrais. La prochaine fois je vais les exagérer pour obtenir plus ce que je veux.
Sur cette série d'enregistrement, je suis revenu au micro unique, qui prend l'ensemble instrument/ampli, c'est seulement sa position qui détermine le mixage. Une vieille technique que j'employais pour les ensembles classiques, qui faisait trembler les producteurs de peur (si on les écoutais, faudrait mettre un micro pour chaque cordes...). Et qui était la seule possible au début de l'histoire de l'enregistrement sonore, d'ailleurs.
Cela dit, je ne suis pas content, j'ai pas assez de basses sur l'enregistrement. Et on n'entend pas assez le brush du pouce.

Quant au Pitch-Key... Je joue en open D, donc je me suis vu passer souvent de majeur, en mineur, et en modal, d'une pièce à l'autre, voire même écrire des morceaux avec des changements de mode à l'intérieur.
Donc la 3e corde passe du F# au F ou au G suffisamment souvent pour chercher un moyen de faciliter la chose.
D'abord j'ai essayé une Keith-peg. Ça marche, mais la fatigue variable du métal fait que ça marche plus ou moins, et les bloqueurs (les petites vis qui mettent en mémoire les points maxi et mini) empêchent de régler rapidement un problème de justesse. Alors j'ai mis un Pitch-key, et ça marche pas pire. Le problème de fatigue du métal existe toujours, mais au moins on peut agir vite pour corriger.
Et puis en plus, je ne sais pas si tu a vu, la rangée des tuners aigus sont de tuners de banjo (le Keith, qui ne sert plus à grand chose à vrai dire, mais enfin, il est là, et deux autres Gotoh). Parce que franchement, accorder les cordes aigues sur une weiss avec des mécaniques standards, tout en tenant la barre avec la main gauche, c'est pas du tout cuit. Faut passer par dessus la tête, le mouvement est contre-intuitif, on se goure de sens, c'est la merde)
Alors j'ai installé des mécaniques de banjo, le mouvement est beaucoup plus facile, la main passe par en-dessous.
(oui, je sais, le rapport 1:4 est très différent du rapport 12:1 ou 14:1 des autres mécaniques, mais ça ne me dérange pas du tout, de toute façon, la différence de diamètre des cordes fait que le rapport réel est toujours différent d'une corde à l'autre). J'ai laissé les mécaniques standards du côté grave, là y a pas de problèmes.

(en passant, à propos du rapport des mécaniques, j'ai vu il y a quelques temps que des gars avaient inventés des mécaniques avec des rapports différents pour chaque cordes, pour avoir sensiblement le même rapport ressenti. Wow, ça c'est un cas d'école de solution à la recherche d'un problème, dont l'être humain est si fâcheusement productif).


Voilà.
Ah, ça fait du bien.


Dernière édition par jpbat le Mer 9 Jan - 1:44, édité 1 fois
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sebastopol
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyMar 8 Jan - 17:44

hmmm Je me disait bien qu'il y avait de la bidouille là dessous... siffle

Waow! sacré parcours pour trouver des combines! bravo !

Et oui tu as raison, la reverb noie un peu les subtilités de jeu, c'est dommage, mais ça a son intérêt aussi, toujours un équilibre à trouver...

Ah le pitch-key était bien là! danse

Intéressant ce gadget; je cherchais un moyen de me simplifier la vie, car j'ai eu à trimbaler deux guitares sur une formule où je jouais en alternance des morceaux en majeur et mineur sans possibilité de raccorder l'instrument, le silence étant nécessaire.
Mais je me suis rendu compte qu'aussi finement soit effectué le réglage du mini-maxi, sur un instrument acoustique ça déclenche un toujours un léger déséquilibre sur les autres cordes....(enfin sur mes instruments).
...et encore pire sur un résonateur; mème pour un demi ton de tension en moins, il faut de toute façon réajuster au moins deux ou trois cordes...
Impossible de switcher directement en un seul geste.
(Et j'ai donc du trimbaler mes deux guitares pfff )...

J'imagine que ça a plus de sens sur une électrique, ou une lap steel solid body?
Les Dobro de type "Spider" sont peut-être plus tolérants?...
Ou à réserver à des tirants de cordes ultra légers (vrai que la plupart des démos sont dans des sonorités très "métal plus ou moins heavy"?...
L'acoustique sur laquelle je l'ai utilisé était plutôt robuste, je ne pense donc pas que le problème viendrait d'une guitare extrêmement sensible, ou très légère...et j'ai bien peur que ce soit le cas pour toutes les inventions qui ont été crées dans cette optique, sur acoustique?

Dommage car ce petit accessoire est bien ficelé, pas cher, compact, facilement adaptable sans rien modifier.

(tiens je viens de rédiger un banc d'essai sans m'en rendre compte; je vais donc le coller dans le sujet dédié en espérant qu'on aura d'avantage d'avis à recouper?)
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyMar 8 Jan - 20:46

Oui, j'avais oublié la réaction des autres cordes lorsque la tension globale change. Qu'on remarque évidemment plus quand on joue en accordages ouverts, où il faut accorder juste. Au moins quand on module en tonalités, on accorde tempéré, mais l'oreille est trompée par les modulations. Cela dit, la plupart du temps, en montant ou en descendant d'un demi-ton sur la 3e, les variations sur les autres restent dans le domaine de l'acceptable.

C'est drôle, parce que, quelle que soit la méthode (Keith-peg ou Pitch-key), des fois ça marche correctement, des fois non, et pour des raisons que je ne m'explique pas (n'étant pas ingénieur en physique moléculaire, j'appelle ça l'effet "vaudou").
Comme j'ai les deux sur la même corde, j'ai un banc d'essai solide, et franchement je préfère le Pitch-key. Plus léger, pas de modifs, beaucoup moins cher (de chez beaucoup). J'ai juste amélioré un peu : il y a deux petites "piques" entre lesquelles vient s'insérer la corde adjacente pour stabiliser l'objet, et dans certaines conditions, ça produit un clik-clik-clik, alors j'ai juste posé deux minuscules morceaux de gaine thermo rétractable et voilà.
(je me souviens d'avoir envoyé un courriel à l'entreprise pour leur donner l'idée d'améliorer leur truc, mais la réponse que j'ai reçu m'a fait comprendre que vraiment c'était pas leur problème. Bon, OK d'abord.)
J'ai aussi remarqué que le système marche mieux suivant sa position : d'après ce que je vois, c'est moins stable lorsque le pitch-key est au milieu de la longueur de corde disponible, donc je l'accote au sillet et voilà. (je ne sais pas si c'est clair, ce que je dis...)

Reste que le pitch-key, comme la keith-peg, ont été créé pour des tensions légères (banjo ou solid body), mais c'est quand même bien pratique. Cela dit, je ne prendrais pas le risque de les utiliser en concert dans une pièce avec un changement majeur/mineur au milieu. De toute façon je ne donne pas de concert, quand je joue en public, je fais du papier-peint sonore, donc je m'en fiche.

La reverb... vaste sujet. Elle vient masquer les subtilités, c'est sûr, mais elle vient aussi masquer les imperfections, hein ?
Non sans blague, je trouve que ça aide (un peu) les problèmes d'intonation, entre autres. Y a toujours comme un bruit de fond qui noie le poisson et aide la perception (un effet que toutes les religions du monde ont employé depuis toujours). Je ne l'utilise pas spécialement pour corriger, j'aime vraiment l'effet (en ce moment...), mais c'est un by-product non négligeable.
Des fois je joue avec la reverb 100% wet, et j'aime ce que j'entend. Je trouve que ça convient bien à certaines pièces lentes et ambiantes. Pas pour le swing ou n'importe quoi up-tempo, on est d'accord. Mais la weiss se prête bien à des envolées à moitié improvisées, où on laisse beaucoup le silence parler, et une grosse réverb longue donne un résultat agréable.
En tout cas, ce que je remarque c'est que le pékin moyen, que je n'impressionne pas du tout lorsque je me fais chier comme un rat dans mon répertoire de guitare (où je n'impressionne que les guitaristes, ce qui n'est pas un public suffisant), est très impressionné lorsque je joue à peu près n'importe quoi sur la weiss dans la reverb à fond tout en soutenant une conversation (c'est dire le niveau de concentration...). Il trouve ça formidable, le pékin moyen. Ça repose.
Et d'ailleurs, ça ne donne pas nécessairement une mauvaise musique non plus... Faut savoir rester simple...
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyJeu 10 Jan - 12:37

Ohoh; voilà un sujet qui s'élargit comme j'aime! langue

Vrai pour la stabilité du pitch key, il faut essayer de trouver une zone stable où l’installer, sous peine de le voir rebondir, gigoter et toucher les autres cordes côté mécaniques; le hasard m'a permis de le poser assez proche du sillet, et idéalement avec une des deux pattes se posant juste au bout du rouleau de la mécanique suivante, tout basculement est bloqué...ton idée est bonne; j'aurais bien proposé des variantes, dans ce genre (Des curseurs avec embouts en nylon prolongeraient la durée de vie des parties en frottement, tout en assouplissant encore plus le geste...une variante avec un levier plutôt qu'une molette aussi; voir, en le montant sur une steel électrique mais plutôt entre chevalet et cordier?...bon si on y ajoute un ressort de rappel, on va tomber sur les système "palm-machin" de Dusenberg.....oui mais en beaucoup plus léger, moins encombrant, et surtout ....bien moins cher siffle ).

Ah si j'avais un peu de temps pour la bricole en ce moment...

Excellente image sur l'invention de la réverb hihi ! !!!!

Vrai de vrai que la guitare "Hawaïenne" c'est reposant!
De nombreux ascenseurs et standards téléphoniques en sont la preuve hélas...et les pedal-steel ont souvent flirté avec les plus sombres limites du kitsch et de la marmelade musicale, à une certaine époque...

Hum; tu as une analyse et un vécu plutôt poussés  quand au rapport avec le public...je vois ce que tu veux dire...et tu résumes bien dans ta conclusion; l'efficacité de la simplicité...
Disons que la prouesse technique passe très souvent à côté de la plupart des gens, et qu'une ritournelle avec trois notes en revanche peut très bien se faire lever toute la salle.
Difficile d'arriver à concilier un compromis avec juste ce qu'il faut de sincérité, conserver la spontanéité d'une prise de risque, saupoudrer d'une pointe de technique juste au bon moment pour servir la musique...et surtout de s'amuser, mème si c'est à millionième fois qu'il faut jouer ce mème morceau.

Mais c'est encore plus flagrant pour une musique strictement instrumentale...........je connais tellement de musiciens fabuleux qui me donnent des complexes quand je pense que je gagne ma vie avec mes ferrailles et seulement trois doigts à chaque main pfff
J'en ai toute une liste; et si je gagnais le gros lot, je pense que je subventionnerait ces mecs pour qu'ils développent leur truc!

Hélas, à moins de jouer dans un environnement très protégé, le classique par exemple; je pense que la musique n'est qu'une partie d'un ensemble...il y a tellement de paramètres périphériques importants, l'image en est devenu un.....et presque devenu plus important que tout le reste hihi ! ... puis le dialogue qui s'instaure entre les morceaux.
C'est une clé énorme.

Bien sûr nous jouons tout deux dans un univers très différent, mais ton vécu me semble refléter un brin d'acidité compréhensible, que j'ai connu aussi, et je me suis rendu compte qu'elle peut être toxique si on la laisse prendre trop de place.
Mine de rien tu as fait remonter là un point qui me semble très important pour tous les musiciens, je pense qu'on a tous certainement de quoi partager là dessus.

Personnellement je joue souvent dans la rue, en "animation" sur des événements si divers que j'en suis toujours surpris, mariages, marchés, brocantes etc...bien sûr je joue aussi en salle avec un public assis, ou sur les festivals, mais je trouve que le défi de stopper quelqu'un dans sa course quotidienne est beaucoup plus gratifiant que tous les bis et les Hourras d'une salle (où le public se comporte de façon très différente, et peut-ètre moins "honnête", car un petit groupe peut parfois influencer la masse), Je pense que je peux jouer n'importe où ou presque!
A moi d’appréhender la configuration du lieu, de comprendre l'énergie du moment, de m'orienter me positionner idéalement en fonction de l'acoustique, de la circulation, de la thématique, de ce qui se passe avant et après...

Je reste persuadé que l'organisation progressive d'un répertoire ne peut pas être totalement pré-établie.

C'est ma façon de me battre contre la routine et les automatismes, je garde la porte ouverte à ce qui se passe autour...puis comme j'ai une très mauvaise mémoire, je joue quasiment toujours en redécouvrant les morceaux hihi !
Je pense aussi que chaque morceau sera mis en valeur par le précèdent, y compris par le discours préalable.
Sans poser une conférence, juste quelques mots, un indice de lecture sur le contenu, quelque chose qui va préparer l'oreille du public, lui titiller sa curiosité, trois mots, ou juste un trait d'humour...établir un contact.

Sans jouer dans la clownerie non plus; la musique étant un langage, se pointer devant des gens avec un instrument pendu au cou induit forcément que je suis là pour communiquer, que j'en ai envie, que j'ai quelque chose à partager....à partir de là, je ne peux pas m'enfermer dans un récital intime, refermé sur moi mème.
Je suis là pour les autres, ils m'intéressent et j'ai quelque chose d'intéressant à leur proposer, je leur accorde mon attention comme ils m'offriront peut-ètre la leur (mème si ce n'est pas toujours gagné dés le départ, mais c'est mon job de l'obtenir).

Attention; ceci ne veut pas dire que je ne peux pas m'accorder des moments d'intensité où je vais aller chercher quelque chose de très profond...mais ça sera à un moment judicieusement choisi.

Et enfin, je pars toujours en me promettant de m'amuser, mème si j'ai trop peu dormi, mème si c'est loin, qu'il pleut, que le lieu ou l'occasion sont aussi improbables que peu prometteurs, chaque occasion va m'apprendre quelque chose de plus, mème si ça semble peu évident, c'est à moi de savoir l'entendre, ou le provoquer.

J'ai vu trop de grands musiciens écœurés par le peu de réceptivité, de respect, de sensibilité du public.
La valeur d'un jeu subtil développé au prix des siècles de pratique amoureuse, chargé des émotions les plus pures, et d'une originalité sublime peut hélas rester opaque à une masse impressionnante de gens... tooo
On n'est pas obligés de plaire à tout le monde non plus, ce n'est pas le but je crois; mais sans hurler une vérité, on peut tout de mème la faire apparaître en préparant un peu le chemin, en construisant quelque chose qui va amener les autres à s'y intéresser.

Il se peut que la musique ne suffise pas...je repense à cette vidéo d'un grand violoniste, de niveau mondial, jouant un violon rarissime dans le métro, sans toucher quiconque....

Ceci dit; j'espère que je me trompe mais je remarque que l'attention des gens est de plus en plus difficile à monopoliser dans la durée.
Je crois qu'on va se moquer de moi en me taxant de passéiste, mais j'endosse ce costume qui me va comme un gant honte , sans parler des enfants; les adultes aussi sont de moins en moins aptes à se concentrer...je crois qu'on ne mesure pas encore l'impact des technologies sur nos modes de vie, mais j'en parle avec d'autres artistes souvent, et bon sang...au lieu de respirer , de savourer l'instant qui s'envole, le réflexe sera plutôt de sortir le gadget pour filmer................

Donc la vue sera canalisée et réduite à un petit écran, réduction minuscule de quelque chose de grand et beau qui est pourtant là!
Filtrée par cette machine qui va compresser les fréquences, pixeliser, brûler les couleurs, brouiller toute appréciation vraie.
Réduire le plaisir.
Et à 99% des cas, une fois que l'objet à rempli sa fonction, on le range dans la poche sans mème un regard pour le sujet réel!!!!.....on part déjà vers autre chose.....sans vraiment avoir VU.....c'est assez inquiétant. sans voix
(Mais je pense que des gens ont bien réfléchi à ça de façon plus étudiée que vous et moi...).
Sans réaliser qu'on passe à côté de la vie, qu'on gâche le champ de vison de ceux qui sont derrière soi, avec l'illusion de piéger, de capturer quelque chose de reproductible à volonté, vu qu'on peut le revoir quand on veut...de rendre éternelle  la magie d'une seconde en vol??? alors que c'est exactement le meilleur moyen de la tuer!

Mais c'est un autre problème... pfff
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 11 Jan - 9:22

Oh! oh! La conversation passe à un autre niveau… OK, je retrousse mes manches.

Plusieurs sujets, t’y vas pas avec le dos d’la cuillère.

D’abord : contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y a pas un atome d’amertume quand je parle du pékin moyen. C’est de l’ironie, qui est à la moquerie ce que le taï-chi est à la musculation. Une gymnastique de l’esprit, une façon comme une autre d’éviter d’aborder franchement un sujet.
Nous sommes tous, dans des domaines différents, le pékin moyen de quelqu’un d’autre. Je n’ai pas de condescendance ni d’acidité, envers quelqu’un qui ne possède pas les outils nécessaires pour établir un jugement sur quoi que ce soit.
Quand je joue en public, c’est toujours dans des situations où personne n’est là pour m’écouter. Il se trouve que ça me convient parfaitement, je n’ai aucune propension au vedettariat, je ne suis absolument pas un entertainer, en fait je n’aime pas avoir l’attention sur moi. Je ne sais pas quoi faire avec cette énergie-là, ça n’est pas ça qui m’intéresse, par conséquent je n’ai jamais travaillé là-dessus, je m’en fous.
Quand j’ai eu à monter sur des scènes, ce qui m’est arrivé souvent (mais c’était y a longtemps), c’était quelqu’un d’autre qui jouait ce rôle-là.
Moi, ce qui m’intéresse, c’est 1/ créer, 2/ observer le résultat de mon travail sur les autres.

Contexte:
J’ai eu une carrière de compositeur de commande, de réalisateur, de designer sonore, blabla, et puis j’ai pété un cable, j’ai voyagé partout pour enregistrer des musiques traditionelles et des ambiances naturelles (la plupart des unes comme des autres ayant pratiquement disparues de la surface de la planète depuis), et puis je suis venu m’installer au Québec il y a 22 ans pour voir si j’y étais. Et j’y étais pareil.
Je ne jouais plus à ce moment-là.
Et puis il y a 12 ans, mon fils, qui est autiste, a reçu un diagnostic de cancer, et là j’ai sorti une guitare de sous le lit et je suis tombé sur un style personnel. Que j’avais cherché comme un fou mais jamais trouvé en 20 années de pratique musicale (qui m’avait quand même fort bien nourri, merci), mais là, comme je ne cherchais rien du tout, à part éviter de devenir dingue, paf! je trouve un robinet, je l’ouvre et y a un jet qui sort. Comme je suis un vieux pro, j’ai compris assez vite sur quoi j’étais tombé, j’ai documenté soigneusement le processus, et 10 ans plus tard, je me retrouve avec 2300 pièces de musique. C’est-à-dire la même chanson, avec 2300 variantes : on appelle ça un style. Bon.
En 2008, comme je voulais valider ce que je faisais, je me présente au Grand Concours de Guitare de Montreal (avec des majuscules…), je gagne. Re-bon. Là, je me mets à jouer en public, dans la rue, dans le métro, dans des coffee-shops, etc… Pour deux raisons: 1/ répéter en public est 100 fois plus efficace que tout seul dans son sous-sol, parce que je veux arriver au point où je peux jouer en improvisant pendant des heures si j’en ai envie, en totale liberté, et 2/ je peux observer en temps réel comment ma musique influence les gens (ou, si on préfère, je veux vérifier l’étendue de mon pouvoir sur mes contemporains. Minuscule pouvoir, qui ne met personne en danger, mais néanmoins, action sur la psyché de l’Autre).

On revient au sujet.
N’importe qui a joué dans la rue sait bien que la majorité des passants n’aura aucune réaction visible.
Mais :

- ça ne veut pas dire que le passant en question ne réagit pas inconsciemment,

- et même si l’affaire parvient confusément à sa conscience, ça ne veut pas dire qu’il saura exprimer clairement son ressenti.

Naturellement, orgueilleux comme je suis, je ne joue que de la musique originale.

Parenthèse : par musique originale, j’entends “matériel original” au sens légal, au sens où l’entends la SACEM, dont j’ai passé l’examen d’arrangeur en 1975, (ce qui donne une idée de mon âge vénérable). Une musique véritablement originale ne ferait appel à aucune références reconnues culturellement, et par conséquent ne serait pas non plus reconnue comme musique. Faut pas abuser. Ce qu’on crée est le résultat de millénaires de précédents qui ont percolés dans des millions de tronches, pour finir dans la notre.

Mais je me refuse à jouer par exemple des mélodies connues qui permettraient à l’auditeur de situer aisément son jugement, et donc d’exprimer son appréciation, ou son désaccord, sans risquer de perdre la face.
Je ne veux jouer que ma propre musique, avec l’obstination obsessive d’un gars dont les outils de communication sociale sont limités. Il y a évidemment des référents, stylistiques et visuels, mais rien qui permette une opinion à-priori. Je fais pas dans le fast-food.

Et là, j’observe. Non seulement je joue une musique qui demande de ma part une attention soutenue, je raconte une histoire, mais en plus j’étudie l’effet qu’elle provoque sur l’auditeur. Je dois admettre que c’est assez jouissif de constater qu’on a un contrôle significatif sur une trentaine de personnes sirotant leur café, dont les pieds se mettent à battre la mesure, ou dont le regard vide quitte un instant l’écran de leur ordi pour se perdre sur toi. Ou de rallier autour de soi quelques dizaines de personnes enbièrées un soir de chaleur estivale sur la rue Ste-Catherine piétonnière, qui se mettent à danser joyeusement, sans vraiment savoir pourquoi. Ou d’avoir un enfant de 7 ou 8 ans s’arrêter, te regarder un moment, puis s’approcher et te dire: “mais toi… toi, là, t’es un musicien, hein?”, dans une épiphanie stupéfaite, réalisant pour la première fois de sa vie ce qu’est la musique et sa puissance fabuleuse.

Bon, j’arrête pour ce soir. La suite au prochain numéro. Y a de quoi développer, mais faut dormir aussi.
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 11 Jan - 13:54

à bras Absolument honoré de cet échange!!! à bras
Voilà de riches pistes à développer; heu...la j'ai un rendez-vous mais je tenais à poser un mot, mème rapidement...
Je pense que cette conversation peut vraiment mettre en lumière des outils absolument utiles dans la pratique musicale de pas mal d'entre nous...dans un registre tout autre que la technique ou le matériel, sujets plus habituels sur un forum de musiciens. danse
A très vite!
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 11 Jan - 19:11

Me revoilà, avec un peu de recul, mais par où commencer?

Ah, pas de souci, j'ai bien compris l'expression du pékin que nous sommes tous, non c'est la phrase "je me fais ch.. comme un rat dans mon répertoire de guitare" qui m'a frappé, et m'a donné envie d'ouvrir.
Car ça sonne tellement en opposition avec l'idée de faire de la musique!
A partir du moment où tu crée pour proposer aux autres, si tu as choisi d’être là pour ça...si c'est à ce point chiant c'est qu'il y a un truc qui vaudrait le coup d’être modifié, car si il y a sensation d'ennui; ça ne peut que transparaître, et générer le mème sentiment pour ceux qui écoutent.
Mais ton dernier post me pousserait plutôt à comprendre que ce répertoire te demande beaucoup de concentration et d'énergie, donc que tu te "donne du mal" plutôt que de te faire ch..

(et ça je peux aussi tout à fait l’interpréter à sa juste valeur; j'utilise souvent ce mot cru pour traduire l'ennui, ou la difficulté; j'ai grandi à la campagne et j'avoue avoir une certaine tendresse pour le parler "coloré"...au grand dam de ma compagne!
Je crois me souvenir de plusieurs beaux chapitres chez Mark Twain, sur sa fascination pour le vocabulaire riche et imagé des pilotes de bateaux du Mississippi, et aussi dans d'autres, jack London peut-ètre?...sur la puissance de feu du flot de jurons que les muletiers développaient et ciselaient comme une forme de poésie...on est d'accord, pour moi c'est aussi une forme d'art, de langage codé, qui signale une forme de fraternité vers l'autre, une culture à part entière mais à l'opposé de celle des élites...une construction d'une autre forme de dignité, provocante et bravache, loin d’être vulgaire lorsqu'elle est bien fondée, mais au contraire plutôt "noble" je trouve.)

En tout premier lieu, je t'offre toute mon admiration et mes encouragements pour la courage de proposer TA propre musique.

Je crois que ça différencie bien nos deux expériences, de mon côté je ne joue mes compositions que très rarement, quand le moment est absolument idéal, quand tout est réuni pour garantir que je ne souffrirais pas, et que ça sera reçu.
Donc ce sera exceptionnel, comme un bis en fin de concert par exemple, comme un cadeau offert en signe de respect mutuel, une parenthèse...
(J'ai mesuré à quel point ça n'a pas de sens de livrer une composition personnelle à n'importe quel moment, n'importe quel lieu, j'ai aussi essayé ça, quel dommage...).

Pour le reste de mon répertoire j'ai vite compris que j'avais tellement de possibilités de trouver du plaisir à dépoussiérer, ou réinterpréter à ma sauce des chansons véhiculant une forte charge historique, éthique, émotionnelle et parfois politique; tout en évitant les "classiques", les "standards"...qui n'ont que peu d’intérêt puisque tout le monde les connaît.
(Il y a peu de musiques aussi ouvertes que le Blues pour construire sa propre voie, c'en est presque une définition, et la pratique du slide va tellement dans ce sens...toujours unique et personnel).
Le véritable moteur étant pour moi de faire remonter la face cachée de l'iceberg, qui se cache derrière les archétypes, les clichés, les idées reçues véhiculées par le mot Blues.
Peu de cultures ont été aussi noyées dans la purée de la récupération commerciale, à contresens de l'énergie de départ, et c'est tellement intéressant pour moi de mettre ça en résonance avec notre époque, tout en signalant que ça vaut le coup de regarder en arrière, que le passé nous donne de nombreuses clés pour comprendre le présent.
Dans cette idée, l'évidence du nombre de chansons fabuleuses que j'aimerais jouer dans ma vie m'a vite fait oblitérer l'envie d'en écrire...puis si je réfléchis à la légitimité de cette idée; je pense que l'humilité de se mettre au service de la mémoire, de la diffusion, des oubliés de l'histoire est bien plus logique, que d'essayer de m'inscrire parmi eux.
Ce serait inévitablement bidon, ça sonnerait forcément faux.
Je gagne ma vie grâce à l’œuvre de ces poètes fabuleux, qui eux n'ont pour la plupart jamais gagné un rond; à partir de ce constat, je ne vois pas comment assumer d'étaler quelque chose d'autocentré.
Pour l'instant; j'en suis là...et ça me convient pleinement.

Peut-être un jour, j'irai pousser mes propres rengaines, mais je ne crois pas en avoir fini avec mes vieux machins...
Ce jour là je serais sans doute obligé de repartir à zéro, tant les paramètres sont différents en jouant sa propre musique.
Je suis donc beaucoup plus "à l'abri" que toi je crois...ça doit diluer ce qui pourrait être dur à vivre.

Bravo pour ta démarche, et d'autant plus en jouant dans des lieux aussi peu dédiés à ça, (on a en commun cette idée de "répéter en public"!!! hihi ! ).
...Mais en jouant en solo, comment se libérer du fait que tu est forcément le point central, je comprends ton rejet de se mettre en représentation, je pense que je vois ce que tu refuses d'endosser, en mème temps je me demande comment y échapper...
Ca me semble contradictoire d'aller vers les autres, sans vraiment les prendre en compte (bien que tu aies plaisir à les observer réagir), enfin d'aller jouer "devant" eux...pas "avec" eux...enfin je ne t'ai jamais entendu en concert, j'ouvre juste avec l'idée que c'est dommage de sentir qu'il y a peut-ètre un peu d'amertume dans ta pratique, qu'il y a peut-ètre un truc qui pourrait rétablir un équilibre?

Et à la fois ça me donne beaucoup de réflexion sur une démarche qui est la plus claire pour un musicien: composer et servir sa musique.

Superbe ta conclusion..........ces petits instants magiques, qui justifient et valident tout le parcours enduré jusque là; je t'en souhaite d'avantage à venir victoire





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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 11 Jan - 23:54

Ah! Les mots… C’est ça le problème avec le langage: ce qu’on veut transmettre peut très bien être pris dans un autre sens, voire même à contresens.
Par me faire chier, je voulais dire que mon répertoire de guitare est dans la catégorie techniquement difficile, par opposition à celui sur la weiss, qui est nettement plus confortable. (c’est peut-être que je n’en suis qu’au début.)
Je ne joue jamais par obligation, en tout cas très rarement, ce ne sont pas des situations que je recherche, il y a longtemps que je ne dépend plus économiquement de la musique, par conséquent je joue seulement si j’en ai envie, et seulement ce que j’ai envie.
Si je joue, c’est signe que je suis content d’être là.

Quant à la contradiction inhérente à jouer de la musique sans pour autant être le point central, comme tu dis: c’est ma pratique courante.
Je vais donner des exemples:

- en 2018, je me suis lançé dans la sculpture sur bois, et pendant 2 des expositions auxquelles j’ai participé, je jouais de la musique. C’est-à-dire que je parlais avec les gens, et puis quand j’en avais assez, j’allais parler avec mon instrument, sans du tout chercher à prendre l’attention, juste en participant à l’ensemble. Ça se fait très bien, très librement. 

- quand je vais chez des amis, j’ai toujours un instrument, et j’en joue quand ça me prend, sans pour autant vouloir accaparer l’attention. Ma musique est assez légère pour être un bruit de fond agréable, mais assez complexe pour entrer dedans et en profiter consciemment si on en a envie. Et en ressortir aussi bien pour poursuivre une conversation, sans être frustré de perdre quelque chose.

Pour moi, c’est comme ça que ça marche. L’autisme de mon fils m’a donné l’occasion d’explorer ce genre de conditions mentales, et j’ai compris que moi-même je suis probablement ce qu’on appelle asperger, ou quelque chose comme ça. Du temps où j’étais môme, cette connaissance-là n’était pas présente, donc, ça n’existait pas. Je ne suis pas intéressé plus que ça à recevoir un quelconque diagnostic officiel, d’ailleurs, à mon âge ça ne donnerait rien de plus, de toute façon je me suis adapté à peu près au monde qui m’entoure. Reste que je suis un ours. Je n’ai aucun talent pour le small-talk. Je ne veux pas en avoir. La plupart des activités sociales de base m’ennuient, je les évite, et si jamais j’y suis contraint, je fais tout pour m’en échapper au plus vite. Par contre, aborder des problèmes complexes, sans réponses évidentes, penser à des choses auxquelles je n’avais jamais pensé, voilà qui est intéressant.
Donc je pratique la musique pour justement rééquilibrer ce manque de capacité sociale. Je ne ressens aucune amertume d’aucune sorte (j’ai beau chercher… non, pas la moindre trace. Plus jeune, oui, j’ai eu des frustrations, mais aujourd’hui, c’est passé). J’utilise le biais de la musique pour participer au monde social. Et c’est d’ailleurs assez fascinant de voir que les gens autour comprennent très bien (sans analyser du tout). S’ils ont envie de me parler, ils me parlent, et je réponds. C’est-à-dire que soit j’arrête de jouer (parce que je ne peux pas faire les deux en même temps), ou bien (aujourd’hui, c’est plutôt comme ça) je me mets à jouer dans un mode qui me permet de parler tout en continuant. J’aime beaucoup cette manière de pratiquer la musique. Si la conversation me gonfle, je repars à l’intérieur de la musique, j’exprime, sans le dire, que je ne souhaite pas continuer. Avec le sourire, et tout va bien. Enfin jusqu’à présent je n’ai jamais vu personne s’offusquer.

À propos du rapport entre le créateur/émetteur et le public/récepteur:
- il y toutes sortes de modèles de créateurs, de celui qui va chercher à créer quelque chose parce qu’il pense que ça va plaire à un public donné, jusqu’à celui qui ne se préoccupe que d’explorer ce qui ce passe dans sa tête, sans considération aucune pour ce que les autres pourront éventuellement en penser. Entre ces deux extrêmes tous les cas de figure sont possibles.
- de la même façon, il y a toutes sortes de public. Acheter un billet pour aller voir et entendre quelqu’un qu’on apprécie ou dont on a entendu parler te place dans une situation favorable, mais aussi en attente de. Allumer la radio en prenant son café, c’est une autre situation.

Entendre un musicien dans la rue, ou dans un café, ça met le public en situation de faire un choix : va-t-il s’intéresser ou non ? 99 fois sur 100, d’autres considérations prennent le dessus, et il passe sans faire attention. Si son attention est attirée, comment doit-il réagir ? Très souvent il ne sais pas lui-même quoi penser, s’il n’y a pas de signes qui réfèrent à des précédents avec lesquels il est confortable (ou pas).

Rares aujourd’hui sont ceux qui sont capables de juger d’une situation sans préalables pour eux. Peu ont les outils nécessaires, et il est vrai que nos sociétés ne tiennent pas vraiment à les leur fournir. Mais nous sommes ces sociétés, c’est nous qui décidons de ces choix. Nous avons toujours préféré le confort à l’incertitude.

C’est très amusant de voir passer des gens qui ne savent pas quoi penser de toi. Ils voudraient bien, pourtant, mais ils ne savent pas quoi faire. Il suffit qu’une personne s’arrête pour valider le choix de dizaines d’autres. C’est un phénomène fascinant (et bien connu de tous les joueurs de bonneteau).
Je me souviens d’un violoniste dans le métro. C’était il y a quelque chose comme 40 ans. Je suis sur le quai du métro à Paris, et sur un banc, il y a un gars qui joue du violon. Un indien, ou pakistanais, en tout cas il joue avec le violon posé droit sur la cuisse, et une musique non occidentale, c’est sûr. Il ne fait pas la manche, il joue sa musique. C’est un de ces musiciens exceptionnels, d’une autre planète. Ce qu’il fait ressentir est extraordinaire. Et ben, je n’ai pas osé montrer que j’étais profondément touché. Mais pourquoi?
Je m’en souviens encore aujourd’hui, c’est pour dire. Mais ma réaction est très courante. C’est que réagir, ça demande de prendre position, de risquer de perdre la face, c’est totalement inconfortable, il faut être solide.
D’où l’importance des filtres dans cette connection créateur/public.
D’autant plus aujourd’hui, où toute la connaissance du monde est accessible comme l’eau à notre évier. Un océan d’information. Mais comment reconnaitre une vague dans la mer ?

Pourtant, on vit une époque formidable, précisement à cause de ça. Mais nous ne sommes pas équipés pour gérer la situation. On ne sait pas quoi faire, et donc on ne fait rien. Ou plutôt, on fait ce qu’il y a de plus facile, de plus confortable, de moins dangereux. On parle de tirants de cordes, de qualité de bois, de modèles de guitares, quand la véritable affaire c’est la musique qu’on fait avec.

J’aime beaucoup ta formule : “une démarche qui est la plus claire pour un musicien: composer et servir sa musique.”
J’aime beaucoup ça, composer. Ces moments où un intervalle de temps et de hauteur entre deux notes en amène une troisième, et on se met à dérouler un fil, tellement fragile, et qui se solidifie, devient une mélodie puis un récit complet, début, fin, dynamique des moments forts et faibles, et puis, tiens c’est fini. Next.
Il arrive un moment où on comprend que N’IMPORTE QUELLES de ces deux notes peut déclencher le phénomème. Ça me rappelle un jour où je filme un dessinateur connu, et je lui demande s’il peut faire un dessin en direct devant la caméra, ça n’avait pas été prévu. Et le voilà qu’il prend une feuille de papier, un pinceau dans l’encre noire, et fait un trait, au hasard, en travers de la feuille. En expliquant qu’il ne sait pas du tout où il va, mais que justement, c’est ça, le truc. On va tous découvrir ensemble qu’il y a un trait suivant, qui va en déterminer un troisième… jusqu’au point où un sujet apparait, et un quart d’heure plus tard, c’est fini. J’ai encore le dessin encadré dans ma chambre. Ça doit valoir une beurrée.
Mais la leçon, c’est ça : n’importe quel point de départ amène à une destination, à condition d’être réceptif au moment où ça se passe, de réagir en conséquence, et de suivre le chemin avec curiosité.
Ces moments-là sont ineffables.


La suite au prochain numéro. C’est en vrac, mais enfin on s’en fout.
Je voulais développer le coup de la réinterprétaion des clichés, mais j’ai dérapé.
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptySam 12 Jan - 4:43


C’est un privilège formidable de pouvoir vivre de ce qu’on aime. Respect.

Et j’aime ton argument quant à la culture du blues. Impeccable.

(ado, j’étais un fervent des Stones, jusqu’à l’album Beggars Banquet, que j’adorais. Je découvrais le blues à ce moment-là, et c’était un chemin comme un autre. Quand je me suis aperçu qu’ils pillaient sans vergogne un pan entier d’histoire de la musique à leur propre bénéfice, finis les Stones…)

Mais je n’ai pas ton humilité.
Je suis fasciné par le processus de partir de rien pour arriver à un résultat tangible.

C’est ça qui est génial : chacun va son chemin. Ce qui compte, c’est d’être bien. Ne rien faire qui nous fasse honte, et ne pas nuire. En dehors de ça, tout est possible.
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyLun 14 Jan - 18:17

bravo !  Tout y est!

Le nombre de choses que tu dis, et qui correspondent complètement, soit avec les questions qui me sont apparues, soit avec ce que je suis, voilà un échange qui résonne! danse
Et tout est plus clair, effectivement je n'avais pas compris pleinement ta propre façon.

Tu dis: "Donc je pratique la musique pour justement rééquilibrer ce manque de capacité sociale."
(Hé bien je pense que nous sommes constitués du mème bois!)

Et à y repenser je crois que pas mal de musiciens sont un peu dans ce chemin là; quand à l'Autisme et d'autres particularités humaines, (je ne parlerais pas de "troubles neurologiques" car je pense que ce concept fait appel à une certaine idée de la "normalité", depuis l'enfance j'ai toujours un regard très suspicieux sur cet aspect, "d’être normal" ou "comme tout le monde", "d’être intégré" et tout le mal aise que peut créer la sensation de "différence", puis tout ce qui repose sur cette idée dans notre société, et la façon dont cette idée est exploitée commercialement et politiquement depuis la nuit des temps.)

Il est vrai qu'on commence tout juste à identifier les cas de figure et à informer sur ces sujets...mais il est clair que le nombre de cas "invisibles" est immense, chacun trouvant souvent un moyen de compenser, de se débrouiller avec la vie en s'adaptant autrement, je pense que je peux moi aussi complètement m' inclure.

Et j'en suis mème à me demander si le "Slide" avec son approche si ouverte à l'intuition ne serait pas d'autant plus canalisateur de gens...très spéciaux (au sens le plus respectueux et fasciné), avec des sensibilités particulières, et souvent assez différentes du prototype du "guitariste", plus commun et enclin à une position plus centrale, ou une esthétique, un maniérisme qui continue de séduire nombre de jeunes hommes arrivés à l'âge du poil.
Mème si tous les profils intermédiaires existent bien sûr. sourire  (et qu'en chaque guitariste sommeille une bête à poils devil )

Vivre de ce qu'on aime est un privilège, c'est vrai, et j'en suis toujours aussi étonné, quand je regarde autour de moi...le nombre de gens talentueux qui jouent magnifiquement et qui mériteraient d'en vivre....et dont je ne me sens pas tellement mieux qualifié pour ça. honte puis la musique n'étant qu'un des facettes de ce métier, il n'est pas si évident d'arriver à embrasser toutes les autres; c'est peut-ètre ce qui me sauve...ou du moins, ce qui fait une différence avec des musiciens plus aboutis dans leur art que moi.
La patience, l'empathie, la résistance à la solitude, au manque de sommeil, aux frittes (comprend qui peut),un certain esprit pratique, un entourage compréhensif, un brin d’inconscience subtilement dosée en contrepoids du stress; voilà peut-ètre une liste très incomplète des outils nécessaires...

Je crois que la chance, "la bonne étoile", où quelque chose dans ce genre est aussi un facteur important.
(Mème si ce concept va sembler totalement éculé ou romantique.)
Je ne parle pas de la chance au sens de celle qui va faire sortir les numéros du Loto, faire tomber soudain tous les vèrous du jour au lendemain, c'est plutôt une autre forme de "chance", qui reste présente, qui donne un coup de pouce de temps en temps...ou mème un coup de matraque de temps en temps...histoire de confirmer ou corriger le cap, des indices semés à côté desquels on pourrait passer sans les voir...et j'en ai sûrement raté quelques uns, le tout étant de garder les oreilles assez ouvertes pour ne pas en rater trop...
Vrai aussi que ce petit miracle peut aussi être très toxique... pfff
Ne serai-ce que d'entrer dans un schéma ou en jouant nécessairement très souvent; l'inspiration, la fraîcheur peut en pâtir, tout simplement en ayant mal aux doigts...

A mon sens c'est plutôt toi qui est le plus chanceux; de pouvoir dissocier la musique de toute nécessité.
C'est vraiment la plus belle voie!

Tu as un beau résumé:
"C’est ça qui est génial : chacun va son chemin. Ce qui compte, c’est d’être bien. Ne rien faire qui nous fasse honte, et ne pas nuire. En dehors de ça, tout est possible."
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyLun 14 Jan - 22:36

Un échange d'autant plus précieux qu'il est rare.

Voici des sujets à explorer :

- être normal (ou, comme on dit aujourd'hui, "neuro-typique"), c'est-à-dire être dans le champ majoritaire de la statistique. Une des grandes leçons de la fréquentation -un peu trop proche- de la médecine m'a appris qu'elle est avant tout une connaissance statistique de la réalité. Si ça se mesure, ça peut se ranger dans un tiroir, plus ou moins grand. Si ça ne se mesure pas, ça n'existe pas, c'est tout. Malheureusement, la réalité est une vieille salope, y a toujours un bout de jupon qui dépasse. Et seul l'humain est capable d'identifier ce bout-là, et éventuellement de savoir quoi faire avec. Jamais un système, administratif, réglementaire, ne peut gérer correctement ces morceaux de réalité qui ne correspondent pas à quelque chose de connu.

- la place du hasard (la "chance") dans nos vies. Pour moi, le hasard n'existe pas, il n'y a que des opportunités, des possibles qu'on utilise ou pas. Encore faut-il les apercevoir, bien entendu. Si nous adoptons une position qui consiste à penser que notre environnement est à notre service, nous fonctionnons avec des à-prioris qui nous empêche des voir les possibilités. Si au contraire, nous prenons une position de -ce que j'appelle- "faire-avec", le champ du possible s'agrandit considérablement.
Exemple : lorsque je "compose" de la musique, j'ai deux catégories : le "sorti-de-la-tête", c'est-à-dire une mélodie qui me trotte dans la tête depuis un moment, à laquelle je tente de donner une existence réelle avec un des instruments à ma disposition. Ou bien, j'utilise les idiosyncrasies (oui, je sais, c'est un mot compliqué, mais je l'aime bien, on peut le remplacer par particularités, si on veut) de l'instrument qui se trouve dans mes mains. L'utilisation systématique (et quelque peu obsessive) d'un accordage en Sol sixte ("drop G"), m'a permis d'explorer un champ musical nouveau pour moi sur la guitare. Qui faisait appel à des souvenirs musicaux de mon enfance, tellement enfouis qu'ils étaient oubliés, mais qui sont ressortis sous l'effet d'un état émotionnel fort. J'ignorais que cette musique était en moi, mais je l'ai accueillie avec joie, et l'accordage que, par "hasard", j'avais choisi, m'a aidé considérablement.
De la même manière, sur la weiss, je vais suivre des chemins qui sont offerts par l'instrument. Les suites harmoniques atypiques en particulier sont dues aux limitations inhérentes à l'instrument, par conséquent il faut trouver des formes musicales plaisantes -enfin, qui me plaisent à moi- avec les capacités de l'outil. Donc on va chercher dans des coins où on aurait pas eu l'idée d'aller. Ce qu'on ne peut pas faire (ou de façon plus limitée), si on part avec une idée préconçue.

C'est vrai que l'usage du slide, qui limite les capacités harmoniques, compense par une expressivité étonnante. Et qui dépend beaucoup du moment. Et qu'on peut donc, comme tu le soulignes, y voir une métaphore de la capacité d'adaptation. Il y a des jours où il m'est quasi impossible d'avoir une intonation correcte, et d'autres où ça marche.

Tiens, pour la peine, encore une autre valse :


La valse est un genre qui me convient bien, très "français".
(un jour, je me suis retrouvé à faire la musique d'un film dans le studio Paisley Park (le studio de Prince). C'était en grande partie des valses, et j'ai été frappé de voir tout le monde apprécier une forme musicale qui ne pouvait pas être plus éloignée de ce qui se faisait là, un des temples de la musique funk américaine. C'était la première fois que je me trouvais dans un environnement de création où tout était conçu pour donner au créateur la capacité d'exprimer au mieux ce qu'il avait à dire, parce que -je cite- : " Jean-Paul, les dollars sont dans ta tête" (imaginez avec l'accent américain). Après seulement, on fait le tri, et on prend ce qui marche le mieux. Et, effectivement, ça marche remarquablement.)

C'est aussi un exemple d'une suite harmonique dictée par les limites de l'instrument, ce dont je parlais plus haut. Jamais je n'aurais eu idée d'intervalles comme ça sur un autre instrument.
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyMar 15 Jan - 17:47

Tu dis: "Il y a des jours où il m'est quasi impossible d'avoir une intonation correcte, et d'autres où ça marche."
Hé bien encore une qu'on a en commun!

J'en suis tellement désarmé que je n'ai toujours pas inclus ce style à mon spectacle...après bien des essais...pourtant j'adore ce style et je ne crois pas être si mauvais que ça, enfin, je pense que ça tient la route, mais cet équilibre musculaire et psychique, entre tension et relâchement ne me semble accessible qu'à des moments très particuliers, et de façon assez opposée avec l'énergie qui m'est nécessaire pour faire face à un concert...
Je me dis mème parfois que je ferais mieux d'oublier; mais cette pratique me fait tellement de bien, c'est quasiment une sorte de Yoga pour moi...(la pratique de la trompette aussi, il n'y a pas grand chose en commun si ce n'est cette subtilité de respiration, d'aller chercher au fond de soi une sérénité indispensable).
Si c'était juste une toquade passagère je n'en serais tout de mème pas arrivé à adopter 4 guitares dédiées à ce jeu...? hmmm
Oh bien sûr personne ne va remarquer, mais pour moi je sais que ça ne sonne pas "juste" quand ce n'est pas LE moment.
Autant avec une guitare, je pense qu'on peut sauver les apparences, autant avec une lap-steel je pense que ça traduit tellement l'intention que c'est impossible de "faire semblant".
C'est tellement exigeant , et pourtant sous un aspect presque rudimentaire... pfff

Donc ce jeu là reste dans le domaine privé pour le moment, en attendant de trouver le cadre idéal, sans doute loin de mon univers habituel.

Quand aux dollars; il faudrait re-contextualiser cette citation, mais j'ai l'impression que si on peut arriver à un tel détachement c'est qu'on en a beaucoup (sans dire "trop")... hmmm
J'ai une telle aversion pour l'argent que ça va être difficile pour moi de l'entendre autrement.
Générateur de malheur avant tout, il y aura toujours de rares cas où cette entité néfaste aura pu devenir un outil pour générer de la beauté; c'est aussi ce qui fait sa puissance, mais voilà un vaste sujet où l'on pourrait se noyer des journées entières.
La musique m'intéresse bien plus. à bras


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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyJeu 17 Jan - 7:44

Ce que je remarque à propos de l'intonation, c'est qu'il y a en effet des jours où on ne l'a pas, et des jours où on l'a tout de suite.
Mais... Si on persiste, on finit par l'avoir. Donc mieux vaut s'échauffer avant.

En public, on prend toujours un risque. (à l'enregistrement aussi, mais on peut reprendre...)
Quand je suis à la guitare, il faut d'une part que le groove soit là (le travail du pouce), et d'autre part que les lignes mélodiques soient fluides, correctement phrasées tout en étant jamais exactement pareilles (le travail des autres doigts), ce qui n'a rien d'évident.
Sur la weiss, c'est beaucoup plus souvent rubato, ressenti, mais c'est l'intonation la difficulté.

J'aime bien ce côté casse-gueule, équilibriste. Tu rates, t'es mort. Ça fait parti du jeu, sinon on est trop confortable, et ça se ressent aussi. Trop à l'aise, on se retrouve en pilote automatique, en train de penser aux impôts ou aux yeux de la blonde de la table de devant.

Alors, il faut que tu joues lap style en public. Y a pas de raison.

Les dollars : c'est juste une formule qui m'est restée... Je ne comprenais pas que, dans ce studio extraordinaire, on fasse attention à moi, un nobody, à ce point. Je n'avais jamais rencontré un tel respect de celui qui est en charge de trouver les idées. Et une telle organisation, une telle logistique entièrement au service du créateur.
(et vu le nombre de disque d'or et de platine accrochés sur les murs sur deux rangées de part de d'autre de couloirs de 20m de long, c'était un choix qui fonctionnait très bien, sans parler du travail de Prince lui-même, dont c'était à la fois le studio et le domicile).
D'ailleurs quand je suis rentré en France après cette expérience et que j'ai retrouvé la dynamique habituelle des compétitions interpersonnelles, je n'ai pas duré longtemps avant de pêter un cable.

Mon intention n'était d'entamer pas une discussion sur la place de l'argent dans nos civilisations, c'est un autre débat...
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyJeu 17 Jan - 15:47

Ok j'entends mieux ce que tu voulais dire...sacrée expérience, effectivement ça doit faire drôle...
(perso je ne sais pas si 20 m de disques d'or avant d'arriver à la porte du studio me mettraient vraiment à l'aise... siffle ).

Le truc qui est très difficile pour moi c'est que j'ai nécessairement des tension énormes qui m’empêchent de jouer en lap-style de façon satisfaisante.
Pour moi; d'une part je suis (pour la majeure partie de mes engagements) seul.
Mais ça implique tout de mème la logistique de tout un groupe, pour le poids et la quantité du matériel (le premier gouffre énorme de concentration est de réussir mes balances, avec quatre micros dont deux statiques, selon les lieux, c'est parfois sportif...
Puis lumières et décor relativement élaborés, en fait je suis loin d'arriver juste en plugant mon jack et roulez jeunesse. pfff
Mais c'est aussi ce dispositif qui m'ouvre autant de possibilités, en fait n'importe quel espace peut devenir mon théâtre, ou un terrain de jeu idéal.
Ensuite j'ai une position assez peu naturelle, mais absolument vitale, à l'intérieur d'un dispositif scénique qui me permet d'avoir chaque instrument à portée de main....ni assis-ni debout, pour avoir la meilleure dynamique pour mes pieds, en générant un minimum de mouvements (c'est un point d'équilibre qui m'évite de trop abîmer mes articulations, et mon dos aussi; les hommes-orchestres sont souvent de bons clients chez les ostéopathes, kinés, rebouteux et tous les spécialistes de ce qui grince...).
Cette position en soi n'est pas idéale pour le lap-style, mème si je me suis trouvé une façon de faire, je pense que ça peut gêner aussi...

Et le pire c'est que mon format induit une rotation entre divers instruments, tous absolument différents, onglet, archet, plectre, dés à coudre, plus diapasons et tirants de cordes tous différents, 12, 6, 4 ou 8 cordes, ma main droite change constamment de contexte alors qu'il lui faut instantanément retrouver ses repaires....enfin; c'est le défi...

En fait je lance un morceau, puis je bascule d'un instrument à l'autre, c'est du jonglage en quelque sorte.
Ce n'est pas systématique, je ne déballe pas toute l'artillerie à chaque morceau mais c'est un aspect important.

Les quelques essais de morceaux en lap étaient plus limités, avec seulement harmonica ponctuel et percussions simplifiées...évidement il faudrait sans doute penser à un morceau hors contexte, juste un rappel, ou un moment où je m'extrait du dispositif pour jouer seulement d'un seul instrument, pleinement concentré, mes muscles ne gérant que celui-ci.

Donc impossible de penser à un laps de temps qui permette de s'échauffer, ou plutôt de retrouver ces sensations sur cet instrument là.
(mème problème avec la trompette et le violon que j'aurais aimé inclure, peut-ètre pour plus tard...)
Enfin ça pose une autre énergie aussi... pas très attractif visuellement (c'est souvent le problème des slideurs: un gars assis, qui regarde sa guitare avec des mouvements lents, peu mobile forcément, souvent très introspectif...ça invite peu comme attitude, du moins ça me pose cette question, alors que je joue beaucoup sur ce contact visuel, les mouvements.
Ca peut-ètre un contraste d'opposer les deux énergies c'est vrai aussi...

Puis j'ai déjà d'autres morceaux lents et intenses qui fleurissent très bien en restant dans mon contexte "habituel", finalement, l'idée de transporter un instrument de plus pour seulement jouer un ou deux morceaux finit de me convaincre que si je devais jouer en lap style, ce serait sans doute dans une autre formule...

J'adore tricoter quelque-chose qui serait dans l'esprit de ce fameux style "hawaïen" un peu swing...et ça à tout de suite moins de sens en jouant en solo (pour moi), donc; j'espère que je croiserais les bonnes personnes pour m'aider à développer ça un jour.

A moins que je ne sois déjà en train de réfléchir à créer un automate capable d'assurer des rythmiques au Ukulélé, avec un système de commande aux pieds (sans électronique, tout 100% lo-fi...à l'ancienne à partir d'un moteur de tourne-broche du siècle dernier, ou de celui d'avant...). hmmm

Car le fait d’être seul est vraiment plein d'avantages; je suis obligé de déclencher quelque chose d'un peu phénoménal, l'impact est décuplé, et le seul fait d'oser en étant seul induit souvent une réaction positive, le contact est forcément plus évident avant pendant et après la musique, ça peut être dangereux aussi, d’être si exposé, mais c'est plus souvent extrêmement enrichissant.
Le fait d’être seulement deux désamorcerait une part de ce facteur.
Un paradoxe que j'adore et qui me fait du bien.

Etre seul comme en fuyant les autres, pour finalement être plus disponible, plus accessible aux autres...
Je suis moi aussi un ours, mais je fonctionne en mode "On"-"Off"; quand je m'oblige à aller vers les autres, c'est vraiment pour me défoncer pour eux, le lendemain je suis incognito et je rase les murs siffle
La paix que je peux trouver dans la solitude la plus profonde régénère cette énergie, je crois que je commence à trouver un équilibre dans ce métier où on passe sans cesse par des hauts et des bas, périodes sans sommeil à vivre sur les routes, puis hivernation...

Ce sujet est exactement dans la veine de ce qui me fait passer des heures sur ce forum; on se retrouve sur nos outils en commun, un vocabulaire, des orientations esthétiques, puis on se découvre humainement avec souvent là aussi des points communs; tout en ayant des approches très différentes...c'est une belle expérience; voilà pourquoi j'essaie aussi de déclencher des contacts "réels" ensuite quand le hasard de la route m'amène dans des coins où retrouver l'un de nous.

De nombreux membres du forum sont devenus de véritables amis dans la vie. à bras

J'espère qu'on arrivera à reprendre une dynamique de rencontres annuelles. pfff
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 18 Jan - 6:11

Est-ce qu'on peut te voir sur You Tube ?
Je suis curieux de comprendre comment tu fonctionnes.

Quand je jouais beaucoup le répertoire des Drop G Swing Studies, j'avais mis au point un système pour faire des percus avec les pieds. Ou plus exactement, plein de systèmes différents une fois que je m'étais mis à explorer l'idée. Des trucs purement acoustiques, des triggers avec des piezos branchés sur des pédales, ou des samples players, ou des synthés. C'est très efficace, j'aimais bien ça.

J'aimerai ça saisir ton approche du problème.

Et comme toujours, une valse :
(je peux pas m'empêcher)

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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 18 Jan - 19:36

J'ai trouvé sur YT une video de toi, ok, je comprends.
Cela dit, c'était il y 11 ans, j'imagine que ça a évolué ?
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyDim 20 Jan - 15:54

Oups, me revoilà...

Ah, l'image...vaste problème pour moi...
C'est un des aspect du métier qui me rebute...enfin; j'aime pas trop l'idée de se filmer soi-mème, pour se montrer, se mettre en valeur, je ne trouve pas ça très sain...mais hélas c'est inévitable...
(d'autre part j'ai vu tellement de gens avec des vidéos excellentes, et une super présence sur le web, pour finalement s’avérer complètement creux sur scène... kwa !? que je préfère prendre la voie opposée...).

Mais au bout de onze ans, je vois bien que la majorité des vidéos qui remontent à la surface sont mal filmées, dans des conditions désastreuses, enfin ça ne met pas vraiment en valeur mon boulot finalement. hmmm
Donc il vaudrait mieux que je m'y mette plus sérieusement.

Voilà la plus récente (étant donné que plus personne ne diffuse via Youtube, tous les téléphones revoient désormais sur Facebook...donc aux oubliettes pfff



Mais il y a peu de changements d'instruments sur celle là; en voilà une où tu pourras apercevoir ce qui se passe au niveau des pieds..."old-school"...
Mon crédo c'est "zéro-trucages", tout à l'ancienne, sans électronique, donc j'ai sept pédales, avec bouts de ficelles, ferrailles etc....



Et ici plus d'instruments....mais tourné dans une MJC avec boule à facettes et trophées de l'équipe de foot du village hihi !

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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyJeu 24 Jan - 6:26

C'est super !
J'adore tout cet aspect bricolage (en québecois : patente...)
Le 1er clip montre très bien l'aspect spectaculaire de l'affaire.
La mise en scène est superbe, les vieilles valises, l'éventail derrière, les débouches-chiottes pour contenir les foules en délire, le basstub... Manque rien.
Je vois mal comment tu peux être rebuté par l'image : t'es un showman, que tu le veuilles ou non.

Puisque j'ai pratiqué moi aussi le côté homme orchestre (à une échelle bien plus modeste cependant), je vais juste y aller d'une remarque : j'ai constaté l'importance du kick-drum (la grosse caisse). Je vois que tu utilises un ampli pour la voix au moins. Essaie d'amplifier aussi le kick pour augmenter sa présence. Un simple disque piezo posé sur la valise suffit. Ouais, je sais que c'est tricher, pour toi, mais...
Aussi, pour les mouvements des pieds, le talon fatigue beaucoup moins que la pointe du pied. On est d'accord, jouer du talon droit fait sauter la guitare un peu trop. Donc, je jouais toujours le kick au talon gauche et le snare à la pointe droite, en réservant la pointe gauche et le talon droit pour des interventions ponctuelles genre cymbale toutes les 8 mesures ou effet sonore spécial)

Je ne suis jamais allé plus loin que 4 sons : talon et pointe pour chaque pied. Mais c'est très suffisant pour obtenir un effet multiplicateur, surtout si le groove est bon. Il n'est pas nécessaire de faire des figures rythmiques complexes.
Je n'ai utilisé que très rarement des instruments acoustiques (genre maraccas ou boite de conserve remplie de cailloux accrochée au pied, etc...), mais plutôt des effets amplifiés. Surtout pour des raisons de simplicité/efficacité. Un disque piezo à 2 balles sous le talon, collé sur un élastique entourant la godasse , entrant dans une pédale equalizer la moins chère possible, avec seulement les basses fréquences à donf, ça donne une poussée de kick formidable avec le minimum d'effort.
J'ai fabriqué des genres de pédaliers avec 4 piezos intégrés, qui allaient trigger des sampler à piles (Roland TM2) ou des synthé percus (Nord Drum).
Une guitare avec un PU magnétique (jamais d'emmerdes), un ampli à piles et une chaise pliante, et roulez mimile. (je ne chante pas, donc pas de micro voix)

En parlant de piles, j'imagine que ton amplification est à batterie? Dans ce genre de set-up, mieux vaut ne pas avoir à courir après une prise de courant.

En tout cas, c'est super le fun.

Tiens, pour la peine :



Dans un autre mood, on est d'accord...
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyJeu 24 Jan - 16:27

honte hé hé content que ça t'aie touché!
Vive la "patente"!

Terrible ton morceau, effectivement, il y a vraiment un côté cinématographique; il y a des images qui viennent! bravo !

Wouhou; chapeau! faire du one-man-band avec talon et pointe ça devient de la danse! bravo !

J'ai vu un certain Philippe Ménard (le champion des hommes-orchestre en France), il travaille caisse claire et charleston au pied gauche, et c'est vraiment bluffant.... kwa !?

Dans mon cas je suis assez vite devenu fan des petits coups doublés, qui habilement saupoudrés donnent un swing terrible!
Pour ça mes talons doivent absolument rester ancrés...;en pensant strictement mécanique c'est la seule garantie d’être précis dans le tempo, pour moi en tout cas, Philippe joue sur un tabouret de batterie quasiment debout, avec ses guitares sanglées, donc ses jambes sont très mobiles, ses pédales sont basées sur des pédales de batterie, et il est incroyable pour ça car il joue extrêmement physiquement; c'est un véritable Titan!!!! quelle énergie!!!

Encore une fois c'est la limitation qui m'a obligé à trouver un truc pour aller un peu plus loin... j'ai donc dû inventer mes pédales avec un calcul super précis dans chaque démultiplications, ressorts, longueur de pédale, des battes et des leviers, pour obtenir une sensibilité très-très fine.
Un maximum de dynamique avec le minimum de mouvement.
Du coup j'ai aussi des nuances possibles dans les intensités. (ce que l'électronique ne pourra pas me donner)

Un copain batteur essayant mon truc m'a dit ça: "l'impression d'avoir des mains à la place des pieds" hihi !
Et je me suis ensuite pris au jeu en ajoutant des pédales, j'en suis à sept beuleu , permettant des combinaisons à deux sons ou trois, mais certaines pédales frappent sur le contretemps, d'autres sont décalées, j'ai aussi un véritable chaleston qui permet un véritable "chabada" ouvrant et fermant, avec une baguette sur la descente du pied, et une autre à la remontée que je peux faire sonner ou pas, juste selon le degré de remontée du pied.

Le plus fou c'est que je me suis aperçu que la seconde, lorsqu'elle remonte, à tendance à rebondir naturellement générant un roulement court et très serré... hihi ! et c'est souvent à se moment là que je peux identifier les musiciens dans le public...soit ils se grattent la tète en ouvrant de grands yeux, soit ils essaient de se rapprocher pour jeter un œil derrière la valise qui me sert de grosse caisse. la fête !

Je me retrouve avec une palette ultra compacte, des tas de combinaisons, avec des petites réactions aléatoires parfois inexplicables, ce qui fait le charme de cette technologie primitiviste; elle est vivante!

Bien sùr ça demande pas mal de maintenance, mais c'est souvent source d'améliorations; quand je regarde ce truc je me demande parfois comment ça tient debout hmmm et ça passe inaperçu pour la plupart du public, c'est caché...mais j'ai tellement de plaisir à m'amuser avec cet engin; c'est vraiment ce qui nourrît ma musique, j'ai vraiment l'impression d’être deux des fois!!!

J'ai bien peur que les larges possibilités offertes par les samplers et autres bestioles qui décuplent les possibilités musicales à l'infini, ne déclenchent pas une distorsion, un brouillage de la capacité d'analyse du public, qui est incapable de situer d'où vient ce qu'il entend, entre le musicien et la machine.
L'organique, le synthétique; le réel et le virtuel.

Cette réflexion est apparue assez vite dans ma démarche:

La technologie rend tout "facile", donc dévalue l'idée de maîtriser un instrument...(à part pour les musiciens qui ont une perception fine de ce que ça implique de travailler intelligemment avec ces outils).

Je suis très inquiet de voir de plus en plus de "spectacles" avec un chanteur-euse, accompagné de son machin MP3, ou d'un ordinateur, bien sûr les facteurs économiques encouragent cette démarche, mais au delà du fait qu'ils participent à instaurer des cachets de plus en plus précaires, je pense qu'à longue échéance, ça participe à étouffer une certaine sensibilité, et c'est tout le problème de la technologie.......elle tue la capacité à l'émerveillement.
Elle brouille l'analyse, l'empathie, tout devient facile, vulgaire, banal, puisque tout est "possible", puisque les limites du possibles sont pulvérisées...c'est surtout dans les yeux des enfants que je vois ce phénomène avec inquiétude.

Des notions de trans-humanisme, de foi en cette technologie qui fait de nous des "hommes-augmentés", qui pallie à toute nos faiblesses, sont de plus en plus présentes "dans l'air du temps"(ma voiture, l'objet le plus banal, redémarre toute seule au feu rouge, elle bipe quand je fais un créneau, elle me signale quand mes pneus sont à plat, elle ferme les portes à clé quand je m’installe.... sans voix je ne lui ai jamais demandé ça, mon cerveau peut très bien en faire autant...).

D'autre part dans la mème énergie prégnante en ce moment, les médias, enfin un certain genre de média participe franchement à cette dévaluation de l'humain, tous les programmes qui jouent sur le rêve de célébrité, l'idée que du jour au lendemain on peut changer de vie; thème universel qui fait recette depuis longtemps...s'extraire de la masse pour devenir riche et vénéré...je citerais les Star academy et autres nouvelle star, incroyable talent, the voice...etc, etc....tout ce cirque pollue à grande échelle la perception de la pratique artistique.
Là aussi, qui, à la maison se retrouve coincé le plus longtemps devant l'écran magique, sans outils d'analyse?...les petits gamins qui un jour seront en âge de voter...

C'est tout un travail d'expliquer aux gens qui viennent me voir à la fin du concert, presque révoltés et attristés que je ne sois pas passé à la télé, que je ne sois pas "célèbre"........c'est drôle à dire, mais quand c'est aussi fréquent, on en vient à se demander comment le miroir aux alouettes à pu prendre autant de place dans la vie des gens...vu que pour la plupart c'est dans l'écran qu'on vit mieux, que c'est le panthéon ou le paradis, le but ultime...leur expliquer que ce n'est pas ça la vie...une belle vie.
(je referme cette parenthèse de vieux croûton réactionnaire siffle )

Bien sûr quand j'écarte l'électronique de mon travail, je parle plutôt de ce concerne mes instruments.
Tout est acoustique, d'abord conçu pour jouer dans la rue en toute autonomie, sans amplification du tout (et j'adore militer dans ce sens, souvent le public en vient à réaliser que c'est très agréable, et que l'agression sonore n'est pas une fatalité; on peu aussi faire autrement), ce qui implique un choix d'emplacement très en regard de l’environnement, de l'architecture, et de l'ambiance, de la façon de circuler des gens.
C'est une étape préliminaire que j'aime beaucoup, découvrir une ville inconnue, cerner sa géographie, suivre les flux, et sentir où ce sera idéal. hmmm passionnant.
En fait c'est presque inévitable et communément admis; qui dit spectacle de rue = son pourri et agressif... siffle  le volume primant sur le reste.
C'est vrai, le bruit attire et interpelle, en milieu hostile c'est un levier efficace, mais qui peut aussi déclencher l'animosité des riverains..
Je préfère utiliser d'autres leviers que celui de la force; ça impose des limitations, mais c'est inscrit dans l'histoire des musiques que je joue...contourner les limites en inventant une autre force.
Mème en jouant amplifié, je joue sur ce plan là; en emmenant le public à se rapprocher à tendre l'oreille, le préparer à recevoir ce que je vais lui raconter, ça installe un respect mutuel qui peut venir à bout des plus récalcitrants, généralement cramponnés au comptoir.

Le contre-pied interpelle aussi, nager à contre-courant, la singularité, se démarquer de ce qui serait évident peut devenir un atout hmmm enfin ça marche dans mon cas, mais c'est presque un résumé de ma vie...   .

Ensuite j'ai aussi une formule sonorisée, dans ce cas c'est plus lourd; décor lumière, sono....une autre dimension qui demande de repenser les équilibres de volume (naturel) très différemment dans le jeu.
Une sorte de grand écart difficile à imaginer...deux spectacles différents en somme.

En général sur une base de quatre micros, effectivement au début j'ai exploité ces petites capsules piezo, mais heureusement avec le temps et quelques sacrifices, j'ai pu découvrir les mérites d'un matériel plus efficace (mais plus cher); voix et tous les petits sons sur le porte harmonica, un kick derrière la valise, un basique coincé dans la contrebassine, et un statique qui prend assez large face à tous les instruments qui passent entre mes mains, la distance, l'orientation me permet d'équilibrer les différences de volume et de timbre de façon empirique, mais ça marche, et les petites percus remontent aussi dans ce micro...quand j'ai la complicité d'un sonorisateur, on ajoute parfois un ou deux overheads...

La formule amplifiée est souvent pleinement cadrée donc pas de problème pour obtenir un branchement, ce sont mes engagements "officiels" majoritairement; la formule acoustique, c'est ce que je pratique moins souvent de façon officielle, c'est plus rare et comme je l'expliquais, ça demande une parfaite connaissance de l'environnement avant de jouer, mais ça colle tout à fait sur des salons d'antiquaires, événements "vintage", certains marchés, festivals...
Je pratique ça en début d'année au retour des beaux jours, ça me permet de me remettre en selle après le calme hivernal, sur quelques spots de ma région, puis parfois entre deux engagements sur le chemin du retour, quand je découvre un coin que je ne connais pas, et que les facteurs semblent réunis.
C'est parfois compliqué, (et peut-ètre dangereux aussi), mais tellement génial de se sentir totalement libre, à chaque fois j'apprends de nouvelles données, exploiter un nouvelle difficulté, inventer une nouvelle solution,c'est positif sur tout ce qui entre en jeu, ça ouvre de nouvelles possibilités, ça déclenche des prises de contact parfois fructueuses, des rencontres aussi, ça peut aider à amortir un peu mes frais de déplacement...et vu qu'il faut que je génère un impact carbone en roulant d'un point à un autre, autant tendre la perche à la chance entre les deux points pour renverser le négatif en positif...

Je dors dans ma voiture en me trouvant des coins de nature sereine, du coup ça me donne aussi un point de vue sur nos vies assez intéressant, avoir un accès à l'eau potable...ce simple facteur de base est le défi le plus grand à surmonter, toujours plus facile en ruralité, là où il y en a moins besoin.... hmmm les aires d'autoroute qui distribuent de l'eau tiède au robinet....le point "potable" est souvent à l’extérieur, caché, (car il est obligatoire pour les chiens) de l'autre côté des voies, quand il n'est pas hors service, le débit réglé au minimum intentionnellement, ou délicatement aromatisé au carburant...merci Vinci)...intéressant sur la façon dont les toilettes publiques sont démontées, ou devenues payantes...alors qu'il y a finalement peu de temps des gens construisaient leur campagne électorale sur l'hygiène, bâtissant une fontaine sur la place....
Mais j'ai choisi ce mode de vie, alors que d'autres le subissent; je ne rate aucune brocante, dépot-vente, fripperie, vide-grenier qui serait sur ma route; c'est une autre passion dévorante qui nourrît l'autre, un instrument déglingué, un objet insolite à transformer, des vêtements d'une autre époque, quelques valises fatiguées, des disques 78 tours...qui sait...

Et quand je localise quelqu'un du forum, c'est souvent le "bonus"! danse
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MessageSujet: Re: encore une valse...   encore une valse... EmptyVen 25 Jan - 13:05

kwa !? Oh mince; désolé encore un post "monstre" très long, alambiqué, mélangeant toute sortes d'idées, avec quelques fautes de frappe ou de tournure...et pour couronner le tout; juste à côté de ce que je voulais dire................ tooo

J'ai déroulé le fil, puis le reste de ma journée m'a embarqué, c'est plus tard en y repensant que j'ai réalisé que ça vaudrait le coup de me relire...pas très adroit.
Donc je tiens à bien clarifier que je n'ai rein contre ceux qui incluent les outils électroniques à leur musique; quand c'est exploité musicalement (ma diatribe vise seulement ceux qui utilisent ces trucs comme un expédient, un remède à la mise au chômage du batteur...désolé; je suis amoureux de ma boulangère honte , et je frémis d'horreur depuis que c'est une machine qui me rend la monnaie...ma caissière à disparu de ma vie aussi... pfff .......bientôt il ne me restera qu'à essayer de tisser du lien social avec la livreuse qui déposera mon cadie directement dans ma boite aux lettres...).

En fait le but premier de ma réponse était par rapport à mon rapport à l'image...

Et peut-ètre que ça donnera un peu plus de sens à mon discours un peu rude sur les médias; là aussi je clarifie: aucun élitisme ni généralisation, je ne veux surtout pas qu'on lise que si vous avez une télé ça implique que vous n'avez plus de cerveau, non je ne considère pas que la prochaine génération sera incapable de discerner le bon du mauvais...j'appelle juste à garder un œil ouvert.

Au fond je suis empêtré dans une sorte de paradoxe...si j'en suis arrivé à monter ce spectacle, c'est en grande partie pour me forcer à aller vers l'autre.
J'ai longtemps traîné une timidité maladive; et quand je dis maladive.... sans voix un gros problème!
(Enfant je me comportais comme les chiens de la ferme, quand un inconnu entrait chez nous; je filais sous la table.........ben j'étais bien plus proche de ces chiens que des humains, ou que des adultes...voyez le tableau tooo ...et encore j'étais dans un milieu assez protégé, loin de tout, avec juste une de ces petites écoles de village, une classe unique, et un instituteur à la Marcel Pagnol...imaginez l'arrivée au collège, puis la suite...).
En grandissant c'est vraiment devenu de plus en plus violent, tous les maigrichons à lunettes le savent bien; la nature crée des phénomènes étranges et pourtant immuables depuis la nuit des temps, si quelqu'un pouvait m'expliquer pourquoi, quand un gringalet est jeté dans un groupe disparate, inévitablement, il va attirer comme un aimant toutes les brutes épaisses du groupe.
C'est quand mème dingue....
Donc vraiment, j'étais le moins équipé pour devenir ce que je suis...je passe sur les impasses....les études à contorsions variées, les échecs professionnels et les cul de sac, qui en tant que jeune adulte ont bien failli me faire basculer vers des extrèmités.
Toute une vie sur la défensive, jusque dans la rue à essuyer des agressions verbales, car avoir des cheveux longs dans une petite ville de garnison, la plupart du temps avec des livres ou des disques sous le bras... siffle
Bref la loose, la poisse...et plutôt de la colère, ...ou mème un peu de haine gratuite à l'égard de mes semblables.

Je vais faire bref mais quand j'ai pu décoder un peu ce qui me touchait dans le Blues, quand j'ai un peu détricoté l'histoire de ces musiciens; ça m'a tout de suite mis en évidence une perspective tout à fait parallèle avec ma propre vie!

Cette histoire de levier, qui renverse le négatif en positif, dont je parlais un peu plus haut...

Quand j'ai commencé à comprendre que c'est ce que je dégageais intérieurement qui déclenchait ce que je recevais en face, quand j'ai commencé à comprendre qu'on est tous dans le mème bateau...que celui qui m'agresse est lui aussi le fruit de la galère...

Je pourrais étaler une liste interminable des indices que j'ai décelés me prouvant que c'était possible de renverser cette énergie, simplement en essayant de véhiculer autre chose, ne serai-ce qu'en se positionnant différemment, en proposant un sourire au premier contact...en déclenchant une conversation banale (combat titanesque pour moi!!!), en s'intéressant aux autres...

Mais il n'y a pas de miracle; j'ai toujours sur le dos ce truc, je ne sais pas, une sorte de répugnance vis à vis de moi-mème; les musiciens savent ce que je veux dire, quand on enregistre sa voix pour la première fois par exemple...il y a de ça...et pourtant je travaille dans le spectacle... sans voix

Donc se mettre en image dans un écran...en vitrine...se magnifier...j'ai bien dû apprendre à le faire, par la force des choses, inévitable pour ce boulot, mais ça me dérange car j'ai l'impression de participer à ce jeu insidieux...ce dont je parlais à propos des médias...
D'une part, réduire le réel aux dimensions d'un écran, de pixels; c'est de toute façon une réduction, un appauvrissement.
Ca me donne l'impression d’acquiescer, de valider un état de fait: OK filmez moi avec vos yeux fixés sur l'écran minuscule de votre téléphone........OK vous ratez 95% de ce que je vous propose... OK je m'inscrit dans la mème boiboite que toute la série d'émissions lamentables dont j'ai parlé plus haut...
Outre le fait que ça veut aussi dire que je m'aime suffisamment pour me "montrer", ça implique que j'ai dû me regarder moi-mème (forcément, pour valider un cadrage, monter...).
Donc ce serait un peu faire comme tout le monde, s'auto-flater , se "liker" soi-mème en somme.....

Je pense que des gens mal intentionnés ont bien analysé cette propension humaine à se regarder...depuis l'invention du miroir; Facebook et compagnie sait bien exploiter cette illusion d’être regardé et entendu par tous...potentiellement...

Puis simplement au pied de la lettre: pour réaliser une bonne vidéo, surtout une vidéo musicale, il faut du matériel de qualité, donc c'est aussi potentiellement déclencher une frustration chez celui qui n'aura pas la possibilité d'en posséder autant...et indirectement faire de la pub à telle marque de micro, ou d'instrument...pousser à l'envie...à consommer...jeter mon pouvoir d'achat au visage de ceux qui en ont moins que moi...les faire rêver ou les remettre les autres face à leurs réalités?...

Encore une fois je mélange tout; mais voilà pourquoi j'ai du mal à admettre l'idée de me filmer, voilà pourquoi depuis dix ans sur le forum, je répugne à me plier à cet exercice pourtant indissociable de mon boulot....et qui serait pourtant l'aboutissement de mon investissement ici.
(Et qui éviterait peut-ètre des post aussi longs et ennuyeux hihi ! )

Alors ici non plus; je ne fustige pas ceux qui font une vidéo, car je m'en régale et la plupart du temps elles sortent complètement de ce contexte; sur le forum c'est avant tout un cadeau, un partage, c'est le format idéal !

Bon désolé...cette réflexion est devenue de plus en plus présente pour moi...on me met la pression pour que je m'inscrive sur facebook.......hélas je vois bien qu'une petite vidéo de temps en temps déclenche des choses très positives...et pour le forum j'ai plein d'idées qui permettrait d'expliquer, de partager des astuces, des tas de bidouilles que je laisse sur l'étagère depuis longtemps...

pfff je ne sais pas pourquoi c'est ici, dans ton sujet sur ta musique, que j'ai éprouvé l'envie de parler autant... c'est sans doute de ta faute! sourire Enfin tu as mis en évidence des points qui m'invitent à réfléchir depuis longtemps.
Et comme je suis convaincu qu'on est nombreux à se poser les mèmes problèmes...ça valait peut-ètre le coup?





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