Défauts à cerner Framus "Bali" 8 cordes.

Un sujet que j'ai sur l'oreille depuis un certain temps pour prévenir des déconvenues, des pertes de temps et d'argent, des déceptions, des casses d'instruments faciles à éviter, des factures inutiles:

Un musicien croisé...était en galère avec cet instrument trouvé sur E-bay:



Mécaniques des premières et dernière cordes cassées...dommage pour une huit cordes de n'en avoir que six à disposition.
J'ai vite compris en observant l'étui que ce problème doit être typique sur ce type d'instruments.

Il semble qu'il y a eu deux types d'étuis; ici le plus fiable:

https://bb.steelguitarforum.com/viewtopic.php?t=187123l

Et ici celui qui pose problème:

https://reverb.com/item/27871881-framus-bali-lapsteel-1962-gold-black-very-rare

Attention; si vous achetez cet instrument dans ce type d'étui; demandez au vendeur de rajouter un bloc de polystyrène au fond de l'étui, au cul de l'instrument pour l’empêcher de glisser, et le maintenir à distance de la paroi, car le transport va certainement arracher les deux mécaniques dés le moindre choc.
On voit sur la photo que les mécaniques sont déjà en appui contre les deux boitiers latéraux.

Les mécaniques Framus sont en laiton relativement tendre, très ou trop légèrement serties, la platine des vis sans fin va sauter.
J'ai réussi à les ressertir; boulot de chirurgien très chronophage et pas plus fiable que ça, mais permettant de préserver l’intégrité (bon courage pour trouver ce type de mécaniques en rechange...j'en avais récupérè en six cordes, plus banales, déjà cassées, qui m'ont permis de prélever des éléments et de m'entrainer pour vérifier ma méthode avant d'attaquer la huit cordes).

Oui mais.....une fois les huit cordes montées, je n'ai pas vérifié le bon fonctionnement branché, étant donné mon ignorance crasse des accordages à huit cordes.
Et le musicien découvre ensuite que la huitième corde n'est pas captée par le micro.

Là encore c'est certainement un problème classique.

(Est-il utile de préciser qu'il est allé voir un luthier reconnu pour lui exposer ce problème; qui s'est gratté le front en le laissant dans de vagues excuses...bref pas envie....).

Revoilà la machine dans mon garage...passablement modifiée, potentiomètres et condensateur soviétiques, mais proprement réalisé....tout marche, je teste le micro avec un diapason; il capte.....mais remontée la corde n'est pas captée du tout.....on l'entend jouée à vide débranchée, mais une fois branchée plus rien.....
Ce type de micros est soudé à la plaque des potentiomètres, impossible à ouvrir sans lourdement modifier et marquer l'aspect des soudures...très bonne idée pour obtenir un blindage efficace, toute l’électronique est solidaire, jolie pièce ingénieusement réalisée.

Mais sillet et chevalet ne sont que deux cornières métalliques brutes, les logements des cordes sont taillés tous identiques, à l'emporte-pièce (ce qui ne facilite pas la tâche des mécaniques car les cordes filées accrochent sur l'angle au renversement (limer et adoucir cette zone facilitent l'accordage et améliorent sa tenue ainsi que la durée de vie des mécaniques).

Le chevalet présente une surface de contact si mal taillée que la corde s’étouffe dés qu'on appuie un peu la barre, en gros on a un début de corde vibrante au contact de l'arrière du chevalet: donc à vide elle sonne effectivement....
Si on pose un poids la corde se met en contact avec l'épaisseur du chevalet, et s'éteint complètement !  
Je n'avais jamais vu ça !!!!
(J'imagine comme le boulot de luthier doit parfois être éprouvant pour les nerfs, quand ce type d'énigme se présente....).

C'est incohérent, diaboliquement sournois et inexplicable....pas logique.... mais un coup de lime suffit à faire réapparaitre la huitième dans le micro.

Voilà ma bonne action journalière...puissent ces quelques lignes aider des musiciens, ....et des luthiers.

Hé ben te voilà promu luthier réparateur Seb Parfois les sillets et autres chavalets sont les lieux de manifstation étrange quand à la bonne vibration des cordes pas pour rien que de devenir réparateur d'instruments ou d'amplis à lampes s'avère être un long parcours de pénitence

J'ose pas imaginer le sacerdoce quand l'électronique rentre en jeu......d'ailleurs les réparateurs d'amplis à lampes sont de plus en plus rares, encore un savoir-faire qui disparaît.....
J'avais peur de me retrouver dans l'impasse d'un micro démagnétisé, ou de conception atypique...

Ah oui vraiment ce sillet était démoniaque !
Quel phénomène; j'aurais du filmer une démo, la corde devenait muette; vraiment stupéfiant !

Boarf; je n'oserais pas m'autoproclamer luthier, disons que je suis juste chagriné de voir un musicien en galère, et de voir qu'un luthier le laisse en plan....avant mème d’attraper le tournevis.
J'ai juste eu la bonne volonté, d'essayer.
Puisque relativement libre de choisir mon emploi du temps, et face à un instrument ayant beaucoup vécu, ayant déjà été réparé (ce qui atteste de son intérêt musical à mes yeux) je pouvais oser prendre une part de risque relative.
Tout en essayant de sensibiliser le musicien, très axé sur la fonctionnalité, à la délicatesse que mérite tout instrument de musique

Il doit avoir ses raisons; sans doute que ce genre de situation, sur ce genre d'instrument peut s’avérer très chronophage et peu rentable en plus d’être ennuyeux, et peu flatteur, enfin, pas très gratifiant ou enthousiasmant.....vrai qu'il s'agît d'une véritable planche...avec un petit parfum de rationalisme fonctionnel de l'est...très éloigné de la lutherie "hype" qui parle de finesse et de bois précieux...de valeur à quadruple zéros.
Je vais mettre ça sur le compte de la pression, d'une boutique qui tourne trop, en imaginant qu'il était forcé de choisir ce désistement pour donner priorité à d'autres chantiers déjà engagés et en tension temporelle; je peux imaginer ça.

Mais quand mème; j'ai apprécié la conception de cet instrument en y trouvant une certaine poésie, et un beau symbolisme (la guitare Hawaïenne sucrée et chaleureuse qui devait évoquer un certain échappatoire pour les musiciens en proie à la froideur bétonnée de cet endroit du monde, à cette époque)...

D'ici à ce que j'attribue plus de noblesse à ces instruments crus, grossiers ou humbles, destinés à rester accessibles, ou "bas de gamme", qu'à ceux qui dégagent une certaine vision du luxe, de qualité, et qui finissent par s'engluer cyniquement dans les aspects financiers.

Heureux ces instruments à quelques centaines d'euros....en espérant qu'ils ne subissent pas le mème schéma un jour...