Alors là....c'est le sujet "Tamalou"; comme on dit par chez nous...non ce n'est pas de l'hawaïen...quand les personnes d'un certain âge... se rencontrent et évoquent leurs aléas de santé, comme de vieux guerriers apaches se montrant leurs cicatrices de bataille...
Bon les petits jeunes; passez votre chemin, ça va pas vous intéresser...mais vous verrez; quand vous aurez mon âge...bref: un truc de vieux!
J'avais déjà entendu parler des soucis de santé typiques des musiciens, le problème du canal carpien est un grand classique; mais il me semble plus facile à détecter, ou moins insidieux que ce truc très sournois...
https://www.la-main.ch/pathologies/compression-du-nerf-cubital/
Un truc indétectable avant d’être devenu suffisamment grave pour être observé.
Qui m'explique beaucoup de choses sur mon manque d'assurance croissant depuis plusieurs années, la fatigue, manque de motivation, frustration, sensation de tarissement de l'inspiration...relié au contexte sanitaire et l'impossibilité de savoir si cette vie pourra continuer, à des expériences humaines décevantes; et de voir mon poil grisonnant, bref le cocktail idéal du pétage de plombs comme l'ont certainement vécu beaucoup d'autres avant moi.
Les muscles de ma main droite étaient en train de fondre, de s'atrophier sans aucun signe ou douleur quelconque...donc vous imaginez le manque de précision qui en découle nécessairement...constater que je jouais de moins en moins bien, en me disant "ah c'est moche de vieillir"...."ah tiens j'arrive plus à le faire ce plan?..."
Picking en vrac, manque de précision en rythmique...comme si la main n'était plus correctement reliée au cerveau.
Du coup je me réfugiais inconsciemment dans une zone de sécurité, en abandonnant les morceaux audacieux, et automatisant mes solos...bref en me cantonnant au minimum vital...
Psychologiquement très moyen comme dynamique.
Le seul moyen de s'en rendre compte est peut-être de mesurer sa force, mains posées à plat en écartant les doigts (index/petit doigt, ne pas compter le pouce) sous la contrainte d'un élastique assez fort, ou bien avec quelqu'un en face qui maintient vos mains pincées entre pouce et index, à vous d'écarter; l'assistant constatera si la force est égale des deux côtés.
J'étais stupéfait car pour moi j'avais l'impression que le toubib serrait une main plus fortement que l'autre...
Ce truc est banal chez ceux qui pratiquent des activités avec allers-retours fréquents, chocs répétés, ou appui fréquent sur le coude....si je regarde mon parcours c'est exactement ce que je fais depuis des années, guitare, martelages en carrosserie ou en maçonnerie, hache et serpe, pioche, masse...et que dire des fréquents appuis sur le comptoir des bars...ou la portière de la voiture...vraiment la maladie du zicos !
J'ai juste senti ce pincement au coude quelques fois, l'abattage de cloisons en brique me l'a signifié, mais disparue avec du repos...donc je traînait ça depuis des années !
Ca m'explique pas mal de choses...
Terrible car c'est toxique pour l'envie de jouer!!!
La perte de confiance, un bridage inconscient...
C'est pour ça que j'en parle ici; soyez à l'écoute de votre corps...ne gambergez pas trop sur les effets de l'âge.
Surveillez vous.
Merci le confinement, car avec ce trou temporel forcé, j'ai pu mieux cerner cette sensation de fourmillement dans la tranche de la main, d'abord ponctuel puis permanent...en période de concert j'aurais pris ça pour une fatigue...puis la proposition d'un concert rediffusé en ligne, tourné sous protocole strict m'a cruellement mis en face de mes incapacités devenues flagrantes.
Quel traumatisme de se sentir illégitime...livrer un tel manque de qualité après tellement d'années de bataille pour cerner tous les détails...décevoir les gens qui m'ont fait une si belle place....stupéfiant.
Surtout devant des caméras...mais au moins j'ai pu avoir le recul de l'observation.
(merci aux organisateurs d'avoir seulement diffusé une seule fois
)
C'est en rentrant chez moi que j'ai décidé d'aller voir mon toubib, les test par électrochocs ont vite parlé.
Heureux d'apprendre que c'est réversible sous opération en ambulatoire, un peu moins serein d'apprendre que ça peut rater aussi...puis de se balader dans des couloirs et des blocs dans un contexte aussi anxiogène... mais bon, "quand faut y aller" comme disait ma grand-mère...
Donc rendez-vous calé aussitôt que possible; opération début mai, en confiance car le chirurgien m'a dit que je pouvais rejouer le lendemain........
ce qui m'a permis de mesurer la différence de perception d'un non guitariste sur la différence entre "jouer" et "assurer un concert"...
Premier concert calé un mois plus tard, début juin...vraiment très inquiet la veille devant la difficulté à simplement charger le matériel, et les répétitions douloureuses au bout de quelques minutes; mais une fois dans le bain, l'énergie m'a tenu et tout s'est bien passé...enfin douloureusement, mais personne n'a rien remarqué.
Heureusement le mois de juin est resté sans aucune autre date...mais le mois de juillet m'a fait une belle ré-éducation avec 16 dates dans le cornet !
Pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, d'autant qu'avec ce contexte sanitaire foireux; en gros, c'était ma dernière chance de pouvoir continuer à faire mon métier.
(une pensée aux copains qui sont arrivés au bout des mesures exceptionnelles de soutien, avec moins de chance que moi...bien qu'à ce jour je ne sache pas encore si je suis encore viable, mais ça devrait...).
C'est dingue car je redécouvre mes capacités, mon imagination se débloque et je vois des trucs apparaitre spontanément sous mes doigts...je ne vais pas me jeter des fleurs car il se peut que le public soit avide de spectacles, et plus chaleureux qu'à l’accoutumée, mais quand mème...j'ai l'impression que tout deviens plus intense, et que j'ai de plus en plus plaisir à jouer.
logiquement ça doit s'entendre aussi...
J'espère que c'est bon signe et que ça va continuer dans ce sens là.
Si vous n'avez pas suivi les épisodes de ma vie mouvementée (tels que je ne les expose sur aucun des réseaux dit "sociaux"); j'ai collectionné une belle pile de galères...je passe sur le coup de cutter tranchant le bout de mon majeur gauche, me privant d'une belle rondelle de saucisse et donc de la couche cornée si précieuse aux guitaristes, dont la durée de guérison a été largement sous estimée dans une clinique de brousse...
Il faudra que j'ouvre un sujet pour expliquer comment bricoler une protection à partir d'un onglet plastique sur lequel j'ai collé un tampon de feutre (pour faire glisser les chaises) sur lequel j'ai liméé un léger creux pour qu'il ne glisse pas à côté de la corde...(ce qu'on ne ferait pas pour sauver un concert !).
Ah les produits divers et variés pour reconstituer la corne...le jus de citron, le truc des randonneurs, ou le "tanopat'" pour les papattes des chiens de chasse...
Puis la voiture cassée, chopper le Covid, la mini tornade...tout ça bout à bout fait une belle ribambelle de tuiles qui finalement m'ont rendu plus fort je crois.
Ce qu'on nomme le "Jinx" dans le Mississippi je crois, la poisse...un des ingrédients de la vie.
Courage à tous ceux qui trinquent dur en ce moment !
Pour moi c'est juste des petits riens que je voulais mettre en lumière, histoire que si quelqu'un dans le mème cas puisse identifier plus rapidement la source, et moins se démolir le moral; alors ce sera ça de gagné.