J'ai dû répondre dans l'urgence mais ce matin j'ai pris le temps de bien regarder les images; sans démolir la qualité de cet instrument ni altérer le rêve, juste pour donner une petite transparence supplémentaire, dans la mesure de ce que j'arrive à voir ou à déduire...
Clairement, je peux deviner que le cône est moderne.
Probablement NRP mais c'est à vérifier.
Un détail qui en dit long: les vis du coverplate sont très gros, pas d'origine; il faut savoir qu'un jeu de vis similaires aux vis d'origine coûte dans les 50$...c'est beaucoup pour quelques vis, mais si peu pour garder un instrument aussi précieux dans un état de respect cohérent.
Car ces énormes vis ont certainement nécessité un taraudage, et donc un agrandissement des pas de vis d'origine, il est donc désormais impossible de remettre des vis aux dimensions correctes (c'est réversible en rechargeant la matière et en refilletant ensuite, mais je ne connais que Mike Lewis qui soit capable d'une opération aussi délicate).
Donc, risquer une telle dévaluation, pour un détail si peu compliqué à résoudre; mème pour une personne n'ayant pas de notion de lutherie....me semble ouvrir la porte à toutes les probabilités...y compris les moins encourageantes...
La hauteur des cordes sous le coverplate traduit un montage avec un sillet de chevalet qui doit être au delà des 7 millimètres cruciaux ou approchant, on a donc eu un neck-reset (ce qui semble logique vu l'âge), et plus fâcheux; j'ai bien peur d’apercevoir un espace entre la touche et la table au niveau de la jonction corps manche...ceci n'a pas lieu d’être.
Donc je doute que ce soit quelqu'un de réellement compètent qui se soit chargé de restaurer cet instrument.
Ces facteurs de réglage et d'assemblage impliquent immanquablement une perte sonore.
Le problème dans le cas ou on constate ces incohérences c'est que le potentiel sonore de l'instrument est très différent de ce qu'il aurait pu développer si restauré de façon cohérente......et comme toujours dans le cas des instruments à résonateurs; c'est que peu de gens sont capables d'entendre la différence.
Le restaurateur, et le propriétaire sont certainement persuadés de la qualité absolue de ce qui a été effectué, en toute bonne foi.
Bien sur la puissance sonore des résonateurs est toujours si impressionnante qu'on peut y entendre une restauration réussie, la perte va se situer sur des subtilités d'harmoniques, sur une complexité de développement des notes, sur la musicalité de la restitution de l'énergie qu'on y met.
(sur les salons de lutherie 99% des gens se mettent à taper sur les résonateurs, à les jouer brutalement, très fort; pour juger de la puissance..........je pense qu'un instrument de piètre qualité pourra toujours être très puissant...pour moi un essai cohérent serait plutôt de chercher à entendre d’abord les subtilités, la richesse, avant tout...car seuls les instruments les plus fins peuvent développer ces points là...mais c'est aussi peut-être affaire de goût?...)
Sur un instrument de cette envergure, restauré correctement ou en bon état, les harmoniques s'organisent entre elles, il y a une fluidité, un enrichissement de chaque notes qui n'arrive plus à se développer aussi bien quand il y a eu remaniements, modifications, ou adaptation d'un nouveau cône.
Dans le meilleur des cas on a un instrument différent qui restera intéressant et exploitable musicalement, mais parfois, on peut trouver un rendu très proche sur d'autres instruments moins prestigieux, pour beaucoup moins cher...
Le sillet de tète n'est peut-être pas l’œuvre du "luthier", mais peut-être celle du musicien?...l'espacement des cordes est un peu chaotique...là aussi, c'est simple et ça ne coute pas cher par rapport à la valeur de cet instrument...ce n'est pas cohérent de ne pas se faire faire un sillet irréprochable.
Il y a des traces sur le cordier, autour des cordes, sur la deuxième lèvre, celle qui définit l'angle vers le chevalet; ces marques me font penser à celles souvent observées sur des instruments modifiés à ce niveau; quand des entailles ont été limées au moment où le cône s'est affaissé, ou quand on cherche à trouver un moyen de garder les cordes dans les encoches du sillet, en essayant de retrouver de l'angle en modifiant le cordier.
Je n'affirme rien, les photos ne permettent pas de juger vraiment, mais il faudra observer ce point qui joue un grand rôle aussi.
Donc à mon avis, il y a de quoi discuter le prix, et prévoir un petit budget de révision, si on veut vraiment savoir ce dont serait capable cet instrument.
C'est souvent les conclusions de la plupart des annonces des instruments décapés ou bricolés...