Ben....je n'entends pas un tricone...ni un single-cone....
Total respect pour le gars qui travaille de ses mains, c'est beau à voir, idem pour le musicien absolument unique aussi.
C'est très beau de voir des gens talentueux se rencontrer, élaborer un projet et le faire vivre.
De mon côté je vois quelques détails qui me disent que ça pourrait être mieux.
Hélas je vais devoir comparer des points en établissant des passerelles au sens large, juste pour illustrer des idées.
La hauteur exagérée de ses hand-rest, pour libérer plus de place à un sillet de chevalet lui aussi poussé vers le haut.
C'est l'approche choisie par les fabricants asiatiques, pour augmenter les marges d'erreur possibles à l'ajustage final, donc pour limiter les pertes ou les instruments refusés...pragmatique...(sur les guitares ce n'est pas si flagrant quoique sur les tricone on est quand mème plus haut, mais les ukulélés et surtout les mandolines; on peut y réfléchir mais plus l'instrument est petit, plus la précision d'ajustement sera exigeante, donc autant élargir les marges....).
Bon ici, rien à voir, on est bien chez un luthier, (ce que j'explique plus haut n'est là que pour donner des points de repaire) et son choix d'augmenter la hauteur et donc l'angle de ses manches est purement en regard de la sonorité visée.
"National Reso-phonics" aussi a choisi d'opter pour un angle de renversement de manche plus important.
Ce qui restera une énigme, vu la parfaite connaissance des anciennes, et la volonté de s'inscrire dans un héritage...pourquoi ne sont ils pas capables de les dupliquer...?
Si on compare à différents points sur les anciennes National, les NRP modernes ont eu des cônes longtemps plus épais, plus lourds (je n'ai pas encore eu l'occasion de voir de visu un des nouveaux cônes dit "hot-rod" censés être plus fins), et l'ensemble du corps est aussi plus épais, plus lourd.
Les "Mule" sont réputées pour être très lourdes.
Pas besoin d’être Einstein pour comprendre que plus épais, veut dire plus d’inertie.
Donc besoin de plus d'énergie pour vibrer.
Augmenter la pression sur le cône permet aux composants qui ne sont pas aussi fins qu'autrefois d’être mieux exploités.
J'imagine que les débuts de NRP ont étés centrés sur le moment ou l'objet fini est enfin existant, puis ne sonnant pas vraiment à la hauteur des espérances, on a cherché à augmenter l'angle jusqu'à trouver un résultat probant...on peut réfléchir au fait qu'un musicien tristement réputé (décidément toujours là) a pu avoir comme influence dans le processus...obnubilé par la puissance et les basses...n'a jamais daigné enregistrer ou tourner avec le fameux prototype de style 0, et clamant pourtant que les Nouvelles sont mieux que les anciennes...plus puissantes oui...."mieux"?...
Trop de gens ont gobé ce discours...amalgamé "National Reso-Phonics" et "National"...
(Voilà pourquoi on se retrouve avec des gens qui charcutent les anciennes en se basant sur des vidéos de l'usine NRP...
)
Le simple fait d'augmenter la hauteur des sillets sur une guitare de base peut donner un reflet du phénomène: un son plus violent, puissant, mais moins riche......
Pensez à un vieux banjo à peau animale, du type de ceux des jouers de Claw-Hammer, avec juste quelques tendeurs, parfois seulement 5, et des cordes en Nylon.....c'est rond et chaud, et on se surprendrai à y entendre un semblant de sustain.
En comparaison on peut mettre en face un ténor des années folles, double flange, avec une forêt de tendeurs qui va briser les verres à douze mètres de distance...hyper dynamique et réactif.
Pour faire dans l’extrême...mais ça illustre bien l'idée de différence de pression que subit le résonateur, ou la tension de la peau...(inutile de rappeler que les frères Dopyera en connaissaient un rayon sur les banjos).
Souvent les guitares à résonateur chinoises ont un angle trop prononcé, et souvent on trouve ce son dur et puissant, auquel il manque beaucoup de fréquences, des zones du manche très ternes (ce qui n'est pas flagrant si on a jamais eu la possibilité d'entendre ou de jouer une ancienne en bonne conditions de conservation).
Pour illustrer,
J'ai eu une tricone quare-neck d'une marque....connue...mais pas chère...sur laquelle je me suis échiné à essayer de trouver ce son hawaïen délicieux......malgré les heures de pratique, je n'ai gagné que des migraines car le son me remontait en pleine face, avec des fréquences particulièrement agressives...puis plus tard j'ai pu essayer une ancienne, et là le spectre sonore est totalement différent, le volume plus doux, toutes les notes sont en harmonie, tout est musical......................
pourtant sans jouer mieux que ça!
Mème en jouant fort tout reste agréable à l'oreille.
Si Sol Hoopii avait du jouer sur une NRP....on aurait jamais reçu un tel héritage d'enregistrements fabuleux...
Depuis j'ai remanié de fond en comble cette guitare, qui a été adoptée par l'un des membres du forum; et j'ai pu valider pas mal de points dans le sens de mes théories pour ouvrir le son, le rendre aussi riche que possible sur un instrument aussi humble.
Autre point qui me dérange chez Mule: la façon dont il rabat les bords perpendiculaires de la table, les "collets-battus"...NRP pratique les mèmes découpes en petits segments, comme le "purfling" contre-éclisse des guitares en bois...la découpe en segments permet de rendre une zone rigide totalement souple; c'est très pratique car au moins, que l'on presse ou que l' on martèle à la main ces parties, la table, ou le dos ne resteront pas bloqués, ou sertis sur le support-contreforme.
Par contre les ateliers de Shangaï ont gardé ce point en accord avec les anciennes National (collet battu à 90°).
D'ici à dire que les chinoises sont finalement structurellement plus proche des originales que les NRP!!!
Je vous laisse réfléchir à l'idée d'introduire une élément souple entre les éléments d'une caisse censée renvoyer les vibrations, par rapport aux anciennes, ça laisse beaucoup de souplesse à la table et au dos, ces éléments non encore soudés peuvent être tordus à la main, alors qu' un collet rabattu continu rigidifie totalement la feuille de tôle.
Une tôle pliée selon ce mode donnera une résonance de cloche, une tôle rabattue en sections courtes ne donnera qu'un son sourd.
(Pas besoin de construire une guitare pour vérifier ça; un simple bout de tôle vous donnera le mème aperçu.)
J'ai parfois vu des corps avec des reliefs parfois un peu bizarres, déformation des tôles due à la dilatation au moment de la soudure, inévitable vu sa méthode...ceci doit certainement l'obliger à choisir une épaisseur de tôles relativement importante.
(les métalos, ou les carrossiers me comprendront)
Derniers points qui me laisse perplexe chez mule, le choix de ce type de cordier.....j'en ai vu de prés, démonté, et le bloc en bout de tiges est aussi lourd qu'une enclume............si on pense à nouveau au banjo, posez un objet lourd sur la peau et constatez...
Les sourdines de plusieurs instruments sont conçues selon ce principe de masse.
Est-ce que le volume sauvage serait tempéré par ce cordier massif?, là encore je pense qu'il a essayé différents modèles avant de choisir celui-ci, en connaissance de cause.
Pour finir le T bar chevalet de provenance asiatique, ne semble pas décapé...ou peut-être l'est il seulement dans le logement du sillet et dans les zones de contacts avec les cônes...des petits riens, des détails de chipoteur élitiste qui ne jure que par les vieux machins sacrés?...
A chacun de se faire une opinion.
A mon sens ce sont de "nouveaux" instruments, dans une classe à part, une approche différente du système des résonateurs.
(le petit gars est aussi fin communicant, ou très bien accompagné, je pense que ça doit aider de placer ses instrument dans des mains connues, ça fait son chemin on dirait...ce qui n'est pas forcément un critère de confiance à mes yeux; si ce n'est l'inverse mème, mais de nos jours, on dirait que ça peut le devenir pour beaucoup de gens...)
Ces instruments comblaient une gamme budgétaire alternative, mais le succès et le nombre de commandes le font bondir dans une autre classe, ...moins cohérente il me semble, car il y a "mieux" à ce prix.
Selon les goûts...de ce que me disent mes oreilles et mes yeux...