Sans me prononcer sur Ben Harper, je pense comme toi que les morceaux "historiques" - par exemple les enregistrements originaux de West End Blues ou Saint James Infirmary par Satchmo - vibrent de quelque chose d' inoui à l'époque, et que nous ressentons ENCORE maintenant.
J'ai découvert Armstrong quand j'avais dix ans.
Le choc, je m'en souviens encore cinquante quatre ans plus tard.
Et je le cultive.
J'aime le classique, j'ai étudié le lyrique douze ans, ce fut mon métier, et j'aime AUSSI le jazz et le blues, justement pour ces instants de vérité, où un homme ou une femme plaide ce qui lui est le plus personnel, comme si le sort du monde en dépendait, c'est à dire son sort personnel.
C'est le côté fugace de l'exercice, son risque, c'est le pari et l' émulation, c'est cette chaleur dans le dos pour qui l'a éprouvé.
Ce que tu appelles "le feu sacré".
Une grâce d'état, qui ne peut provenir que de la jonction d'une personne, d'une oeuvre, d'un instant... et des confidents de l'aventure.
Et lorsqu' une oeuvre est marquée de cette façon, toute nouvelle tentative sera un hommage, souvent un plaisir.
Mais jamais une copie ne vaudra l'original.
Il y faudra le talent d'un re-créateur, pour que l'on reste scotché.
Et c'est pour ça, qu'il faut être curieux et aux aguets.
Car, le plaisir d'être témoin de ce petit miracle appartient aux instants que l'on n'oublie jamais.
En tout cas, ce sont mes petits bonheurs.
Et que la Musique soit "grande" ou "populaire" n'a rien à fiche ici.
C'est de la vie.